LES TEMPS FORTS COURTESY OF MICHAEL GAFFNEY SÉRIE DOCUMENTAIRE MohamedAli Avec de fabuleuses archives, dont certaines inédites, Ken Burns (Vietnam, The War) déroule le destin du plus célèbre boxeur de tous les temps, né Cassius Clay en 1942, héraut afro-américain musulman devenu un symbole mondial de liberté et de courage. Round 1 : le plus grand (1942-1964) Né en 1942 à Louisville, Kentucky, dans une famille chrétienne de la petite classe moyenne noire, Cassius Marcellus Clay Junior découvre la boxe par hasard, à 12 ans, et sa fascination est immédiate. En 1955, le lynchage dans le Sud d’un garçon de son âge, Emmett Till, attise sa révolte contre la ségrégation. Il croit aussi dur comme fer à son destin sur le ring (« Je serai le plus grand »). S’il a un don pour attirer les micros et les caméras, le jeune Cassius s’avère aussi un sportif acharné et déterminé, qui gravit les échelons des compétitions amateur et remporte, à 18 ans, la médaille d’or aux JO de 1960 dans la catégorie mi-lourds. Désormais professionnel, il part s’entraîner à Miami avec Angelo Dundee, qui restera son entraîneur pendant deux décennies. C’est là qu’il affine ses talents de boxeur et de « danseur » sur le ring, et démontre son génie pour l’autopromotion. Parallèlement, il découvre le mouvement Nation of Islam et devient l’ami de MalcolmX, l’une de ses figures 8 ARTE MAG N°2 LE PROGRAMME DU 8 au 14 janvier 2022 montantes. En 1964, à tout juste 22 ans, il crée la surprise en remportant le titre de champion du monde des poids lourds contre Sonny Liston, pourtant donné grand favori. Round 2 : comment je m’appelle ? (1964-1970) Elijah Muhammad, le leader de Nation of Islam, veut faire fructifier la popularité du jeune champion si apte à capter la lumière. Pour l’éloigner de MalcolmX, qu’il vient de congédier pour dissidence, il « offre » à Cassius Clay le nom de MohamedAli en l’accueillant au sein du mouvement. Durant les trois années qui suivent, Ali, qui révulse une partie de l’Amérique blanche en proclamant son appartenance au mouvement musulman séparatiste, reste inégalé sur le ring, dominant de ses fulgurances le monde de la boxe poids lourds. Il n’hésite pas à humilier cruellement certains de ses adversaires, tels Floyd Patterson ou Ernie Terrell, qui refusent de l’appeler par son nom musulman et qu’il traite avec mépris d’« Oncles Tom ». Appelé sous les drapeaux pour aller combattre au Viêtnam, il refuse au nom de sa foi et réclame le statut d’objecteur de conscience. Une partie du pays l’acclame, l’autre le vilipende. Privé de son titre et de sa licence de boxe, il est jugé coupable d’insoumission et proscrit des circuits professionnels. Trois ans et demi plus tard, en 1970, il remonte sur le ring pour battre Jerry Quarry et se lancer à la reconquête de son titre. Round 3 : la rivalité (1970-1974) Le 8 mars 1971, le Tout-New York se presse au « combat du siècle », au Madison Square Garden, pour voir MohamedAli et Joe Frazier s’affronter. Avant le match, retransmis dans le monde entier, Ali, jouant sur son statut de star, a multiplié les quolibets sur le physique et la supposée bêtise de son adversaire. Trop sûr de lui et mal entraîné, il perd l’avantage après deux rounds, et Frazier, qu’il affrontera encore deux fois, remporte le titre. Défiguré par une mâchoire brisée, Ali apparaît en héros |