LES FILMS PELLEAS/HÉLÈNE LOUVART CINÉMA I Maya Ex-otage en Syrie, un reporter de guerre français part à Goa, où il a grandi, pour se reconstruire au lendemain de sa libération. Par Mia Hansen-Løve, une douce errance dans une Inde en mutation, guidée par une étudiante lumineuse. Après quatre mois de captivité en Syrie, Gabriel, jeune reporter de guerre, est libéré avec Frédéric, complice et compagnon d’infortune avec lequel il ne cesse de sillonner la planète. Déclinant à son retour à Paris l’assistance d’un psychiatre, le trentenaire tente de reprendre le cours de sa vie. Mais alors que son ex-petite amie espère renouer le fil de leur histoire, Gabriel décide de s’envoler pour Goa, où il a passé quelques années enfant avec sa mère, qui y vit encore. Une pause refuge au cours de laquelle il va se reconstruire, dans les pas de la lumineuse et absolue Maya, tout juste sortie de l’adolescence. ÉNERGIE SOLAIRE À partir de ce simple motif, Mia Hansen-Løve (Un amour de jeunesse, L’avenir) tisse avec une sensibilité délicate un récit qui s’étire en douceur, entre petits riens du quotidien et sensualité frémissante de la nature indienne. Plutôt que d’explorer les stigmates des traumas du correspondant de guerre, la réalisatrice filme la vie qui s’infiltre sans fracas à travers la discrète mélancolie du héros. Confronté à l’innocence perdue de son enfance, à travers la hardiesse joyeuse de mômes du voisinage, Gabriel (Roman Kolinka, acteur fétiche de la cinéaste, tout 12 ARTE MAG N°2 LE PROGRAMME DU 8 au 14 janvier 2022 en élégance) puise auprès de Maya, la fille d’un parrain perdu de vue depuis quinze ans, une énergie solaire qui le réchauffe et le console. Avec la jeune fille pour guide, yeux grands ouverts et cœur vaillant au seuil de l’âge adulte, il emprunte le rythme suspendu d’un voyage sans hâte ni but, à rebours du reportage. Si le parfum beatnik qui avait autrefois attiré sa mère à Goa ne flotte plus sur ses rivages, Maya (Aarshi Banerjee), désarmante de fraîcheur et de hautes espérances, l’invite dans une Inde en mutation pleine de charme qu’elle incarne, entre culture ancestrale et aptitudes à la modernité. Au fil de leurs déambulations, plus peuplées de silences que de mots, la brièveté de l’amour qui se noue entre eux ne réduira en rien sa beauté ni sa tendre profondeur. Film de Mia Hansen-Løve (France/Allemagne, 2018, 1h42mn) Scénario : Mia Hansen-Løve - Avec : Roman Kolinka, Aarshi Banerjee, Alex Descas, Pathy Aiyar, Suzan Anbeh, Judith Chemla, Johanna ter Steege - Coproduction : ARTE France Cinéma, ZDF, Les Films Pelléas, Razor Film Produktion, Orange Studio, Sofinergie 5 FCM, Dauphin Films, Pio & Co # lundi 10/01 à 23.45 @ du 09/01/2022 au 17/01/2022 Soirée Danielle Darrieux Pot-Bouille L’ascension d’un provincial arriviste et séducteur au sein de la petite bourgeoisie commerçante de Paris. Zola revu par Julien Duvivier sur le ton de la comédie satirique, avec Gérard Philipe, Danielle Darrieux et Dany Carrel. Un immeuble cossu de la rue de Choiseul, à Paris, dans les années 1880. Octave Mouret, Provençal au sourire charmeur et aux dents longues, y est l’hôte des Campardon. Le jeune homme a rejoint la capitale pour travailler comme premier commis au Bonheur des dames, magasin de nouveautés dirigé par une femme de tête, Mme Hédouin. Octave multiplie les conquêtes dans le voisinage sans se laisser prendre au piège du mariage. Car il a d’autres projets pour ce monde qui s’offre à lui... MARIVAUDAGES À TOUS LES ÉTAGES Gérard Philipe en ambitieux don Juan, Danielle Darrieux en maîtresse femme régnant sur ce qui deviendra le premier grand magasin de Paris, Dany Carrel en oie blanche qui se laisse trop vite plumer, Anouk Aimée en mélancolique épouse délaissée par son mari... Si les interprètes s’avèrent remarquables, il ne faut pas oublier de citer, dans le rôle principal, l’honnête maison entre les murs de laquelle tout se joue. Ses lambris dorés et son escalier en faux marbre recouvrent d’un manteau de respectabilité les coucheries, les mensonges, les convoitises. Moins virulent que le roman de Zola, critique acerbe de l’hypocrisie bourgeoise, Pot-Bouille, avec ses savoureux dialogues, penche plutôt du côté de la satire. À défaut de réquisitoire, le cinéaste de Pépé le Moko ou de La belle équipe livre une fine comédie pleine de chassés- croisés et de bons mots. Film de Julien Duvivier (France/Italie, 1957, 1h53mn, noir et blanc) - Scénario : Julien Duvivier, Henri Jeanson, Léo Joannon, d’après le roman d’Émile Zola - Avec : Gérard Philipe, Danielle Darrieux, Dany Carrel, Anouk Aimée, Jacques Duby, Jane Marken - Production : Paris Film Productions, Panitalia - (R. du 22/05/1996) PARIS FILM PRODUCTION # lundi 10/01 à 20.55 |