ERIC CARO CINÉMA Laissez-passer Pendant l’Occupation, deux réalisateurs tentent de résister, chacun à leur manière, à l’oppression nazie. Signée Bertrand Tavernier, une déclaration d’amour au cinéma, truffée de références aux films de cette période. Dans les années 1940, sous l’Occupation, Jean Devaivre, assistant-réalisateur de renom, travaille aux studios de cinéma de Boulogne-Billancourt, pour le compte de la Continental Films, la société de production créée par Goebbels et financée par des capitaux allemands. S’il mène parallèlement des activités clandestines pour la Résistance, le cinéaste fait face à un dilemme : son emploi pour la firme contrôlée par les nazis les protège, sa famille et lui, mais la censure qu’il subit le mine. De son côté, Jean Aurenche, scénariste-poète débordé par ses multiples conquêtes féminines, qui refuse de collaborer avec les Allemands via la Continental, entreprend de résister au travers de ses textes engagés. BEL HOMMAGE À travers les trajectoires réelles de deux cinéastes français, Bertrand Tavernier retrace, en multipliant les références et les extraits de films de cette période, de La main du diable de Maurice Tourneur (voir page suivante) à Au bonheur des dames d’André Cayatte, l’histoire, jusque-là jamais portée à l’écran, du cinéma français durant les années noires de la guerre. Grâce aux témoignages de Jean Devaivre, assistant-réalisateur de Maurice Tourneur, de Jean Aurenche, scénariste avec lequel il a travaillé dès son premier film, L’horloger de 20 ARTE MAG N°1 LE PROGRAMME DU 1 ER AU 7 JANVIER 2022 Saint-Paul, et de l’écrivain-scénariste Pierre Bost, le réalisateur à la phénoménale cinéphilie, disparu en mars dernier, reconstitue avec soin les décors de l’époque, la création dépendante des laissez-passer et les tournages interrompus par les bombardements. Sur un mode tragi-comique, Bertrand Tavernier dépeint un septième art hexagonal sous haute surveillance, dont les budgets sont réduits à peau de chagrin par l’occupant et qui lutte âprement pour survivre. Avec Denis Podalydès en séducteur attachant et Jacques Gamblin en roi de la débrouille, un hommage amoureux aux artisans bricoleurs du cinéma, soumis à un exercice d’équilibriste pour continuer à produire, en dépit de l’oppression nazie. Ours d’argent du meilleur acteur (Jacques Gamblin) et de la meilleure musique de film (Antoine Duhamel), Berlinale 2002 Film de Bertrand Tavernier (France, 2002, 2h43mn) Scénario : Jean Cosmos, Bertrand Tavernier, d’après les Mémoires de Jean Devaivre - Avec : Jacques Gamblin, Denis Podalydès, Charlotte Kady, Marie Desgranges Production : Les Films Alain Sarde, Little Bear, France 2 Cinéma, France 3 Cinéma, KC Medien, Vertigo # lundi 03/01 à 20.55 L’animal Un cascadeur malchanceux entreprend de reconquérir sa partenaire. Par Claude Zidi, une comédie virevoltante avec Raquel Welch et Jean- Paul Belmondo. Cascadeur professionnel, Mike vivote en doublant des scènes d’action pour le cinéma. Alors qu’il s’apprête à épouser Jane Garner, sa partenaire américaine, son impresario lui propose un cachet qu’il ne peut refuser. Après avoir rusé pour convaincre Jane de repousser la cérémonie, il rate leur cascade au volant d’une voiture, et tous deux, grièvement blessés, échouent à l’hôpital. Lasse des déconvenues que Mike lui impose, Jane trouve refuge auprès du riche comte de Saint-Prix. Mais Mike ne désespère pas de la reconquérir. La venue à Paris de Bruno Ferrari, une star à laquelle il ressemble, va lui en fournir l’occasion… MISE EN ABYME Ribambelle de gags, cascades à gogo, et, surtout, deux Bébel pour le prix d’un : le premier, en cascadeur foutraque, et le second, en vedette de cinéma homo souffrant du vertige… Rendant hommage au septième art avec une amusante mise en abyme (Claude Chabrol dirige un film dans le film), Claude Zidi réunit une pléiade de stars, notamment Johnny Hallyday, Jane Birkin, Josiane Balasko et Richard Bohringer, bonus à sa joyeuse bande attitrée (Michel Gérard, Aldo Maccione…). Partageant l’affiche avec Jean-Paul Belmondo, la «bombe» Raquel Welch interprète ici le dernier grand rôle de sa carrière cinématographique, ajoutant une pointe de glamour pour corser l’affaire. Avec de délicieux dialogues signés Michel Audiard, L’animal, au charme vintage, concentre le goût et les couleurs acidulées des comédies françaises des années 1970. Film de Claude Zidi (France, 1977, 1h36mn) - Scénario : Michel Audiard, Claude Zidi et Michel Fabre - Avec : Jean-Paul Belmondo, Raquel Welch, Dany Saval, Aldo Maccione, Charles Gérard, Julien Guiomar - Production : Cerito Films, Les Films Christian Fechner 1977 STUDIOCANAL # dimanche 02/01 à 13.25 |