ARTE MAG N°44. LE PROGRAMME DU 24 AU 30 OCTOBRE 2020 6 Les États désunis Comment ont été choisis les protagonistes de la série e Les USA dans tous leurs États ? Jan Tenhaven : Pour rendre compte de l’extrême diversité sociale et ethnique des États-Unis, il fallait à la fois des Blancs, des Noirs, des Hispaniques, des habitants de la campagne, ainsi que des petites et grandes villes. Nous nous sommes focalisés sur le quotidien d’une dizaine de personnes. Le contraste que nous cherchions est particulièrement souligné entre des personnalités comme Ameena Matthews, psychologue et militante des droits civiques, et Isabel Brown, une jeune étudiante et activiste pro-Trump. Ce tournage au long cours a-t-il modifié votre regard sur la société américaine ? Mon premier séjour date des années 1990, au moment de la réélection de Bill Clinton. Les divisions se sont aggravées depuis. Les oppositions concernent tous les sujets : l’avortement, le droit d’être armé, les convictions religieuses ou le rapport à la science. Cette bipolarisation peut apparaître au sein d’une même famille, comme on le voit dans la série chez le couple Anderson, installé dans l’Utah. Elle est démocrate et lui, républicain. Mais eux arrivent à rire de leurs divergences ! « Nous sommes aussi divisés qu’à l’époque de la guerre de Sécession », assure l’un de vos interlocuteurs. Est-ce un sentiment partagé ? Paradoxalement, oui. Tous ressentent ce climat binaire, teinté de défiance entre les gens. Même Charles Kaighen, ce pasteur ultraconservateur du Missouri, critique la communication clivante de Trump, qu’il soutient par ailleurs. J’ai perçu une réelle tristesse parmi la population. Malgré ses problèmes d’inégalités, de pauvreté, de criminalité, de racisme ou de violences policières, la société américaine a toujours cru en un monde meilleur et en la capacité de chacun de réussir. Chez beaucoup de gens, cette foi commune s’est étiolée. De quelle façon la pandémie de Covid-19 et la mort de George Floyd ont-elles influé sur le tournage ? La crise sanitaire nous a obligés à nous adapter. Comme à partir de la mi-mars nous ne pouvions plus voyager, nous avons travaillé avec de petites équipes locales dirigées à distance. Sur le fond, la perception de cette pandémie a souligné l’écart entre les zones rurales, où l’on refusait souvent de croire au virus, et les métropoles comme New York, qu’il a violemment frappé. Quant à l’affaire George Floyd, qui a exacerbé les tensions raciales, elle a aussi révélé des personnalités originales comme Doug Pagitt, un pasteur de Minneapolis à la fois évangéliste et progressiste. Mais il reste une exception. Les États-Unis demeureront divisés, surtout si le résultat de la présidentielle se joue à une faible différence de voix. Propos recueillis par Benoît Hervieu-Léger Dans une passionnante série documentaire, tournée plusieurs mois durant à l’approche de la présidentielle américaine, le réalisateur Jan Tenhaven prend le pouls d’un pays plus divisé que jamais. Entretien. Spécial élection présidentielle américaine Mardi 13 octobre Ku Klux Klan – Une histoire américaine (1 & 2) à 20.50 Mardi 20 octobre Black Panthers (1 & 2) à 20.50 Jimmy Carter – Le président rock’n’roll à 22.45 Amexica : le monde de la frontière à 0.20 Lundi 26 octobre Playland USA à 0.40 Mardi 27 octobre Quel président pour l’Amérique ? – Trump contre Biden à 20.50 Les USA dans tous leurs États (1-3) à 22.55 Lire pages 18 et 19 Mardi 3 novembre La démocratie du dollar à 20.50 Les USA dans tous leurs États (4 & 5) à 22.25 America à 0.10 La programmation antenne est complétée sur arte.tv par plusieurs documentaires inédits, à partir du 12 octobre. DOUG PAGITT |