ARTE MAG N°43. LE PROGRAMME DU 17 AU 23 OCTOBRE 2020 6 « Le surnaturel prolonge l’émotion » Arnaud Malherbe Jeudi 22 octobre à 20.55 Série Moloch (1-3) Lire page 23 15/10 27/11 Disponible en intégralité, du 15 octobre au 27 novembre, sur arte.tv, ainsi qu’en VOD et coffret DVD. Moloch appartient au genre thriller, mais flirte avec un fantastique de l’émotion, suscité par la colère ou le deuil des personnages… Arnaud Malherbe : À mes yeux, le fantastique s’apparente à la poésie. Il doit parler nécessairement de ce que l’on vit, de la réalité, mais grâce au détour, au pas de côté. Ce parallèle est important pour moi, parce qu’il permet d’accéder à l’émotion ou au sens, sans verser dans le didactisme. On peut comprendre le monde par la poésie fantastique, la peur, la sensation, le rêve. Sur le deuil, la façon de se retrouver ou d’exprimer sa colère, le surnaturel est le prolongement d’une émotion, qui l’enrobe et l’amplifie. L’autre pendant de la série, c’est l’impunité, l’injustice sociale. Moloch suit des personnages impactés par un châtiment semblant tomber du ciel et qui se demandent : l’ai-je mérité ? Leur quête intérieure les amène à se confronter à leur passé et à des traumatismes. Cela les incite à s’interroger sur l’essence même de ce qu’est mener une vie dans le monde d’aujourd’hui. On peut y voir un parallèle avec ce que chacun de nous a vécu, lors des attentats de ces dernières années par exemple, un sentiment d’injustice absolue qui peut appeler à la violence. Il était important pour moi de créer un thriller surnaturel qui ne repose pas que sur les mécanismes d’effroi : je tenais à y insérer de la politique, dans le contexte social actuel, et le climat de révolte qui embrase notre époque. Qu’apporte le duo formé par Olivier Gourmet et Marine Vacth ? Outre sa puissance, sa densité et son ambiguïté, j’ai apprécié Olivier Créateur de la série Moloch, Arnaud Malherbe, réalisateur de Belleville Story pour ARTE, revient sur la genèse de ce thriller envoûtant et sur deux de ses composantes capitales : le fantastique et l’injustice sociale. Entretien. Gourmet pour la dynamique qui se créait entre lui et Marine Vacth. Je ne voulais pas d’une histoire d’amour entre ces personnages, mais quelque chose de l’ordre du filial, qui toucherait, malgré leur antagonisme. Ces deux êtres cherchent à se sauver l’un l’autre et leur opposition de style m’a passionné. C’est la réunion du feu et de l’eau. Marine Vacth est en soi un personnage hors norme, à travers son évanescence naturelle, sa mélancolie, ce trouble qu’elle a dans le regard, la dureté, la solitude, la douleur aussi, qui peuvent la traverser. Elle est une formidable Louise de rêve et de cauchemar. Propos recueillis par François Pieretti (C) CALT STUDIO/SOFIE SILBERMANN/2019 |