ARTE MAG N°32. LE PROGRAMME DU 1 ER AU 7 AOÛT 2020 6 En maintenant son édition 2020, année de son centenaire, le Festival de Salzbourg envoie une nouvelle fois un signal fort : quand les vents sont contraires, la culture est un acte de résistance. Salzbourg, un siècle de création ARTE retransmet en direct, dimanche 2 août à 17.00, l’opéra de Mozart Così fan tutte, point d’orgue de cette édition du centenaire, avec en tête d’affiche les cantatrices Elsa Dreisig et Marianne Crebassa. Les glissandos romantiques des violons, les envolées fiévreuses des sopranos, les répliques ciselées des comédiens... : face à la menace du Covid-19, le Festival de Salzbourg n’a pas voulu se résoudre au silence des salles désertées. Le suspense aura duré jusqu’au 25 mai, date à laquelle le gouvernement autrichien a dévoilé un plan de déconfinement progressif pour le monde de la culture autorisant les rassemblements jusqu’à 1000 personnes, et ce dès le 1er août. Dans la demi-heure qui suivait, les organisateurs de Salzbourg, s’affirmant « confiants dans le pouvoir de l’art », annonçaient la tenue d’une édition anniversaire (du 1er au 30 août) allégée et sous conditions. Heureusement car après celle d’Aixen-Provence, de Bayreuth ou de Glyndebourne, l’annulation de ce qui est considéré comme l’un des plus prestigieux festivals du monde (alliant opéra, musique classique et théâtre) aurait été vécue par ses 240 000 spectateurs annuels, dont deux tiers d’étrangers, comme un naufrage. Salzbourg fêtera donc ses 100 ans et rendra hommage à ceux qui, en 1920, eurent la vision d’une manifestation humaniste au sortir de la Grande Guerre, célébrant le génie de l’enfant du pays, Wolfgang Amadeus Mozart, et se singularisant aussi par son alliance de tradition et d’esprit d’ouverture. PLACE FORTE S’il s’agissait à l’époque de redonner du travail aux artistes et aux artisans d’une région durement éprouvée par le conflit mondial, le metteur en scène Max Reinhardt et l’écrivain Hugo von Hofmannsthal, épaulés par le compositeur Richard Strauss, le chef d’orchestre Franz Schalk et le décorateur Alfred Roller, ne se doutaient pas encore que leur initiative (« Toute la ville devient scène ») prendrait une ampleur telle qu’elle deviendrait une place forte de la résistance culturelle contre la montée en puissance du national-socialisme. « L’Allemagne hitlérienne n’a pas aujourd’hui dans le monde un plus redoutable adversaire que Wolfgang Amadeo Mozart », écrira François Mauriac. Retrouvant sa liberté créatrice après la défaite nazie, le festival muscle son aura internationale grâce à Herbert von Karajan, l’enfant du pays, qui sera son directeur G. BREITEGGER |