ARTE MAG N°23. LE PROGRAMME DU 30 MAI AU 5 JUIN 2020 10 William Friedkin le franc-tireur Dimanche 31 mai à 23.25 Documentaire Friedkin Uncut William Friedkin, cinéaste sans filtre Lire page 17 24/5 6/6 Lundi 1er juin à 22.15 Film French Connection Lire page 19 S’enorgueillant de ne pas être issu d’une prestigieuse école de cinéma, mais, au contraire, de s’être hissé du bas de l’échelle, comme réalisateur de directs au sein d’une petite chaîne de télévision locale, jusqu’au sommet de la pyramide hollywoodienne, William Friedkin représente le franc-tireur par excellence de la décennie dorée des années 1970. De fait, s’il refuse depuis toujours le statut de membre honoraire du Nouvel Hollywood, il ne reste pas moins l’une des incarnations les plus flamboyantes de cette école esthétique, ayant fait perdurer l’esprit d’une génération rebelle longtemps après sa dissolution. Moins immédiatement reconnaissable que certains de ses contemporains, tels Coppola, Scorsese ou Spielberg, Friedkin est pourtant admiré par ces derniers et considéré comme le cinéaste qui a le plus influencé l’évolution de l’industrie hollywoodienne à cette époque. FRONTAL ET SANS PINCETTES De ses débuts télévisuels dans sa ville natale de Chicago, William Friedkin a conservé une sensibilité documentaire dont il irriguera par la suite tous ses films. En s’obligeant à un respect scrupuleux À la faveur d’un portrait de Francesco Zippel, retour sur la carrière du plus individualiste des réalisateurs du Nouvel Hollywood, prêt à tous les risques et toutes les outrances pour dynamiter de l’intérieur un cinéma américain trop corseté. des univers qu’il explore, le cinéaste parvient à immerger le spectateur dans des contextes crédibles. Cette approche lui a permis de dynamiter les codes de certains genres cinématographiques. Le film policier ne fut plus jamais le même après French Connection et son tournage au plus près des dealers et des prostituées new-yorkais, ni l’horreur après L’exorciste. Si William Friedkin a été oscarisé pour ces chefs-d’œuvre, en se faisant un devoir de brutaliser le public via leur mise en scène frontale et sans pincettes, deux autres réussites majeures, Le convoi de la peur et La chasse, un polar moite et pervers dans le milieu gay SM, lui vaudront l’opprobre de la critique et des spectateurs, et le ramèneront peu à peu à une position marginale – mais fertile pour son inspiration – dans le cinéma américain, comme en témoignent Police fédérale, Los Angeles ou encore son dernier film de fiction à ce jour, Killer Joe, sorti en 2011. Le cinéaste, alors septuagénaire, y déployait une causticité rageuse, que l’on retrouve intacte dans le passionnant portrait réalisé par Francesco Zippel. Augustin Faure RUE DES ARCHIVES/EVERETT/BRIDGEMAN |