ARTE MAG N°15. LE PROGRAMME DU 4 AU 10 AVRIL 2020 6 Dimanche 5 avril à 20.55 Film La veuve Couderc Suivi du documentaire Simone Signoret Figure libre 29/3 30/4 Lire page 14 Dans le lumineux portrait qu’elle consacre à Simone Signoret, Michèle Dominici restitue la singulière liberté avec laquelle l’actrice s’exprimait sur son métier, ses choix et ses engagements. Florilège. Signé Simone Ses débuts dans Paris occupé « Au Café de Flore, j’ai vu des gens qui disaient qu’ils étaient acteurs, et cela ne veut pas dire qu’ils jouaient. Qui se disaient écrivains, et cela ne veut pas dire qu’ils étaient publiés. Qui rêvaient de faire des films, et cela ne signifiait pas qu’ils en faisaient. Des gens qui étaient complètement débarrassés des complexes bourgeois que j’avais dans mon enfance et mon adolescence par rapport aux artistes. [...] Nous appartenons à une génération de Français qui avaient 19 ans quand l’Occupation a commencé dans notre pays. Les nazis frappaient à notre porte à 5 heures du matin. On a vu des amis disparaître soudainement. Ils ne revenaient jamais, n’écrivaient pas. Ils avaient été envoyés dans des camps on ne sait où. Tout ça nous a forgés. » L’idylle entre Montand et Marilyn « En vingt ans, tous les êtres humains ont plein d’occasions de se décevoir, de se faire du mal, de se réconcilier, de se disputer, de cesser de s’aimer, ce qui ne veut pas dire qu’on se hait. Dans le fond, je trouverais très embêtant d’être avec un monsieur qui ne plaise à personne. » Une vie de combats « Si on était complètement conséquents avec nous-mêmes, on serait tous les jours devant une ambassade, tous les jours au chevet de grévistes de la faim. Si vous voyiez notre boîte aux lettres le matin... On reçoit quinze appels par jour pour des choses différentes, cela va des pauvres bêtes qu’on tue mal dans les abattoirs au poète qu’on emprisonne au Maroc. Bon, quand ils viennent vous voir, tous ces gens-là, vous n’allez pas me dire que l’on peut aller se coucher tranquille le soir si on leur dit : ‘Avenue Kléber, jeudi à midi ? Ah, je ne peux pas parce que je vais chez le coiffeur.’On ne peut pas dire cela quand même, surtout quand on a une vie aussi bonne, aussi douce que la nôtre. » Sa carrière « Moi, je veux faire que ce qui me plaît, ce qui m’amuse – c’est un grand luxe –, et surtout ne pas faire ce qui m’embête. Mais ce n’est pas une façon de ce qui s’appelle mener sa carrière, c’est juste mener sa vie. [...] Il y a eu des moments où je n’ai pas travaillé parce que je préférais me balader en tournée avec Montand, les musiciens et les fous rires qui allaient avec plutôt que de faire un film médiocre. J’ai choisi la vie, ce qui a fait dire aux gens qui ne comprennent jamais rien que je sacrifiais quelque chose. Mais non, je n’ai jamais rien sacrifié. » Christine Guillemeau LIDO – SIPA PRESS |