ARTE MAG N°48. LE PROGRAMME DU 23 AU 29 NOVEMBRE 2019 6 Dans le documentaire Homothérapies, conversion forcée, le réalisateur Bernard Nicolas révèle, aux États- Unis et en Europe, un phénomène alarmant : des programmes de conversion à destination des homosexuels menés en toute impunité par des groupes religieux. Homophobes pratiquants Bernard Nicolas Journaliste d’investigation, vous êtes rodé aux enquêtes difficiles. Quelles ont été les spécificités de celle-ci ? Bernard Nicolas : J’ai en effet beaucoup travaillé en investigation, notamment sur les sectes, il y a une vingtaine d’années, et j’ai retrouvé ici les mêmes ingrédients. Avec Timothée de Rauglaudre et Jean-Loup Adénor, les deux jeunes journalistes avec lesquels j’ai mené cette enquête, nous nous sommes heurtés à des refus de tournage systématiques. Ce qui se passe à l’occasion de ces « thérapies de conversion » est ahurissant, certains rituels confinant à la transe et à la folie. Sans accès, tout cela était toutefois très difficile à démontrer. Nous avons donc décidé d’infiltrer deux groupes français en caméra cachée. C’était le seul moyen de montrer la réalité de la manipulation affective et spirituelle exercée par ces mouvements sous couvert d’aide aux homosexuels en souffrance. Quelle est la genèse de ces « thérapies de conversion » ? Les groupes évangéliques et catholiques proposant « d’aider » les homosexuels à changer d’orientation sexuelle sont nés aux États-Unis dans les années 1970. Soutenus par un climat général d’homophobie dans les Églises aussi bien protestantes EGO PRODUCTIONS |