ARTE MAG N°47. LE PROGRAMME DU 16 AU 22 NOVEMBRE 2019 6 Oxmo Puccino « L’enfance vous poursuit toute la vie » Ambassadeur de l’Unicef depuis 2012, le rappeur Oxmo Puccino présente la foisonnante programmation d’ARTE célébrant les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant. Entretien. Pourquoi avoir accepté de présenter la programmation « À hauteur d’enfants » ? Oxmo Puccino : C’était indiscutable ! Je ne pouvais pas laisser passer une occasion de contribuer à une action susceptible d’améliorer le sort des jeunes. La période de l’enfance vous poursuit toute la vie. On l’oublie souvent, mais chacun peut agir à son échelle, même si techniquement ce n’est pas toujours facile. C’est une leçon que j’ai retenue d’un voyage avec l’Unicef en Guinée. Le fait qu’une chaîne comme ARTE choisisse de mettre la lumière sur des enfants seuls, aux histoires multiples, était un élément décisif pour moi. L’enfance occupe une place particulière dans vos textes… Oui, pour moi, s’éloigner de son enfance est la pire manière d’être triste. La mienne demeure toujours proche, avec ses milliers de souvenirs. Je me souviens de l’époque où je vivais dans le 17 e arrondissement de Paris. J’habitais près de la mairie et des compagnies de cirque tournaient dans les rues pour faire leur publicité. On pouvait vivre au quatrième étage, comme moi, et voir un clown passer devant sa fenêtre. Cela m’a marqué, alors qu’en fait il était simplement monté sur une paire d’échasses ! Je porte un regard reconnaissant sur mon enfance, d’abord grâce à l’éducation que m’ont donnée mes parents, et puis, grâce à la chance que j’ai eue de bénéficier d’opportunités dont je profite encore aujourd’hui. Le hip-hop m’a par exemple plongé très jeune dans une énergie, une envie de me dépasser qui rendait magique tout ce que j’entreprenais. Au départ, paradoxalement, ce n’est pas le goût de la musique ou des mots qui m’a amené au rap, mais plutôt la force qui s’en dégageait. Transmettez-vous ce dépassement de soi aux enfants lorsque vous animez des ateliers d’écriture dans les hôpitaux ou les quartiers populaires ? Je leur propose plutôt une guérison par les mots, mon cheval de bataille. Il suffit de trouver les bons termes pour faire du bien. Dans ce que je préfère appeler masterclass plutôt qu’ateliers d’écriture, expression que je trouve trop scolaire, j’essaie de les emmener sur les chemins de la réflexion et de les aider à développer leur talent littéraire. On peut être poète en un mot, il suffit de le vouloir, le reste vient tout seul. Votre nouvel opus La nuit du réveil sonne comme un bilan. C’est l’album de l’apaisement et de la sagesse ? Je dirais davantage l’album du passage. La vie est faite de cycles qui se suivent et ne se ressemblent pas. VINCENT TREMEAU/UNICEF FRANCE |