dimanche 22 septembre ARTE MAG N°39. LE PROGRAMME DU 21 AU 27 SEPTEMBRE 2019 14 R/KARAJAN INSTITUT/LAUTERWASSER 23.00 Karajan Portrait du maestro Trente ans après sa mort, un émouvant portrait d’Herbert von Karajan, qui n’occulte ni les parts d’ombre ni le passé nazi du génial chef d’orchestre. Considéré comme l’un des plus grands chefs d’orchestre du XX e siècle, Herbert von Karajan (1908-1989) reste aujourd’hui le musicien classique qui vend le plus d’albums dans le monde. Enfant prodige – premier concert de piano à 9 ans –, chef d’orchestre à 21 ans, le maestro autrichien allie précocement génie musical et ambition démesurée, quitte à adhérer au parti nazi dès 1933 pour accélérer sa carrière. En 1934, ce séducteur charismatique obtient la prestigieuse direction de la musique à Aix-la-Chapelle, avant de convoiter la tête de l’Orchestre philharmonique de Berlin – le début d’une féroce rivalité avec Wilhelm Furtwängler. Le « miracle Karajan » – formule d’un critique après un Tristan et Isolde d’anthologie en 1938 à Berlin – qui se produit sans états d’âme dans les pays occupés ou alliés du régime hitlérien pendant la Seconde Guerre mondiale, voit cependant sa fulgurante ascension ralentie après son deuxième mariage avec la fille d’un riche industriel, Anita Gütermann, une « quart de juive ». Mais celui qui ne fera jamais son autocritique se hisse à nouveau au sommet dans les années 1950, cumulant les directions, de Berlin à Vienne en passant par Salzbourg, sa cité natale, où il crée le Festival de Pâques. Avec Eliette Mouret, sa troisième et séduisante épouse de trente ans sa cadette, le chef souverain, vedette internationale (avec yacht et jet privé), parcourt la planète, sublimant, yeux clos et baguette fougueuse, les œuvres de Beethoven, Mozart ou Mahler. MULTIPLES VISAGES Au fil d’entretiens avec le maestro et de très touchants témoignages – de sa secrétaire à ses musiciens, dont la violoniste Anne-Sophie Mutter qui l’a eu pour mentor –, ce documentaire éclaire les multiples visages du mystère Karajan : artiste mondain devenu solitaire, chef autoritaire réputé âpre au gain mais à la générosité légendaire... Ce visionnaire, féru d’innovations technologiques, qui exploitera les médias pour démocratiser le classique, précipite sa chute en imposant à l’Orchestre philharmonique de Berlin la clarinettiste Sabine Meyer, première femme soliste au pupitre des vents. Documentaire de Sigrid Faltin (Allemagne, 2019, 53mn) - Coproduction : ARTE/SWR 23.55 The Unanswered Ives Compositeur, géant de Wall Street et pionnier du son ACCENTUS MUSIC Portrait du premier compositeur classique américain, maître de la dissonance et homme d’affaires prospère, qui fut aussi une personnalité hors norme. Charles Ives (1874-1954) n’est guère connu de ce côté-ci de l’Atlantique. Aux États-Unis, et singulièrement en Nouvelle- Angleterre, où il a vécu toute sa vie, il est considéré comme le premier compositeur classique national. Sa personnalité atypique et son énergie, qui lui permirent de se consacrer à la musique tout en menant à Wall Street une brillante carrière d’assureur, font de lui un héros américain. Son amour de la nature, du sport, de la culture et de la démocratie de son pays ont nourri une œuvre prolifique et complexe, pionnière à bien des égards, notamment pour son usage de la dissonance et sa matière sonore puisée dans le réel (match de football, frénésie urbaine, sons de l’enfance…). Nourri par les témoignages, notamment de ses biographes, de ses descendants ou encore du compositeur John Adams, ce portrait donne à entendre de beaux et larges extraits de l’œuvre de Charles Ives, dont sa pièce The Unanswered Question, qui a inspiré le titre du film. Un voyage musical à la rencontre d’un homme remarquable. Documentaire d’Anne-Kathrin Peitz (Allemagne, 2018, 53mn) - Production : WDR, Accentus 0.55 Universe, Incomplete Charles Ives par Christoph Marthaler À la Ruhrtriennale, le metteur en scène Christoph Marthaler s’empare d’une partition inachevée de Charles Ives pour interroger le futur de l’humanité. « Au cas où je ne parvienne pas à finir, quelqu’un voudra peut-être s’emparer de cette ébauche... » De fait, la symphonie Universe de Charles Ives est restée inachevée. Le compositeur l’a rêvée comme une pièce rompant avec toutes les formes classiques de représentation, et il n’a cessé de la retravailler sa vie durant. Cette partition constitue pour Christoph Marthaler l’une des grandes œuvres utopiques du XX e siècle. À la Ruhrtriennale, le metteur en scène suisse, avec la complicité du chef d’orchestre Titus Engel, s’en est emparé pour questionner notre époque et le futur de l’humanité. Une vision saisissante, où se mêlent le théâtre, le chant et la danse, et où d’autres compositions d’Ives dialoguent avec la partition originale. Spectacle musical, d’après la symphonie Universe de Charles Ives (Allemagne, 2018, 2h10mn) - Mise en scène : Christoph Marthaler - Direction musicale : Titus Engel – Avec : les ensembles Bochumer Symphoniker, The Rhetoric Project, Schlagquartett Köln - Réalisation : Michael Beyer - Production : WDR |