Beth Ditto Diva du « Summer of Freedom » Cinquante ans après Woodstock et Easy Rider, ARTE fait souffler un vent de liberté sur l’été en convoquant activistes, pop stars engagées et héros combatifs sous la houlette de Beth Ditto. Portrait de la diva féministe, maîtresse de cérémonie de ce « Summer of Freedom » gorgé de films, concerts, documentaires ou portraits inédits. Depuis vingt ans avec son groupe Gossip, Beth Ditto, chanteuse enragée et engagée, excessive et généreuse, incarne le rock bigger than life. Évoquant une « Nana » de Nikki de Saint-Phalle version punk, Beth Ditto assume un corps hors norme, libéré par la danse et l’électricité du rock, à des années-lumière du conservatisme sudiste dans lequel elle a grandi. Née Mary Beth Patterson en 1981 dans une bourgade perdue de l’Arkansas, elle est élevée avec six frères et sœurs par une mère célibataire fauchée, ou plutôt, dira-t-elle, « par des femmes, des loups et des cassettes musicales ». Après avoir compris dès 5 ans qu’elle était lesbienne, elle se revendique quelques années plus tard féministe, anticipant les railleries en s’assumant « gouine obèse ». La rebelle a aussi ses parts d’ombre, victime, à l’adolescence, d’inceste, comme sa mère et sa grand-mère avant elle : des blessures qu’elle révèlera dans un livre, Diamant brut (Michel Lafon). ESTHÉTIQUE GLAMOUR, ÉTHIQUE PUNK À 18 ans, Mary Beth fuit pour se réfugier dans la ville d’Olympia, berceau du mouvement Riot Grrrl, au rock indépendant, politique et féministe, incarné par le groupe Bikini Kill et le label Kill Rock Stars. Elle prend alors le nom de Beth Ditto et forme le groupe Gossip. Dans le sillage de ses aînées, la jeune diva XXL continue le combat et le mène sur un nouveau terrain, ses différences lui assurant un certain écho médiatique tandis que le succès planétaire couronne son troisième album Standing in the Way of Control en 2006. Le public européen découvre sur scène une boule de feu, la Janis Joplin du nouveau millénaire qui se roule par terre et termine parfois ses concerts en culotte. Elle l’enlèvera même pour poser nue sur quelques couvertures de magazines. Avec sa frange de pin-up et son visage de poupée fardée, Beth Ditto séduit la mode, dont elle s’ingénie joyeusement à faire craquer les coutures. Quand Gossip se sépare en 2016, elle sort sa griffe de vêtements, avant un premier album sous son nom. Esthétique glamour, éthique punk, elle n’a jamais cessé d’utiliser son image pour soutenir les causes LGBTQ et féministes… et aussi s’affirmer elle-même. Alors que Gossip se reforme pour célébrer cet été les dix ans de Music for Men, Beth Ditto joue pour ARTE la grande prêtresse du « Summer of Freedom ». Du sur(dé)-mesure. Stéphane Deschamps |