lundi 29 avril ARTE MAG N°18. LE PROGRAMME DU 27 AVRIL AU 3 MAI 2019 16 20.55 Cinéma Soirée Marlon Brando Sur les quais L’éveil moral, au contact de l’amour, d’un jeune docker face aux méthodes criminelles d’un syndicat mafieux. Par Elia Kazan, un film social infusé de poésie, porté par la performance éblouissante de Marlon Brando. BORIS KAUFMAN/COLUMBIA PICTURES « Sur les quais, la règle c’est S. et M. Sourd et muet. » Parce qu’il a parlé à la police, Joey Doyle a été liquidé par les hommes de main du syndicat des dockers, dirigé par le mafieux Johnny Friendly. Terry Malloy, l’un de ses protégés, ancien boxeur devenu ouvrier portuaire, a attiré la victime dans ce piège sans se douter qu’il serait mortel. Tandis que le père Barry tente d’organiser la révolte des dockers rackettés et opprimés, Terry se rapproche de la sœur de Joey, Edie, qui le supplie de dénoncer les crimes de Friendly devant une commission d’enquête. Lorsque son propre frère, avocat du syndicat, est supprimé à son tour pour l’avoir protégé, le jeune homme est forcé de choisir son camp... RÉALISME LYRIQUE En 1952, Elia Kazan, pris dans les griffes du maccarthysme, livre les noms d’anciens militants communistes devant la commission des activités antiaméricaines. Deux ans plus tard, s’inspirant de faits réels révélés par la presse (l’exploitation des dockers de Big Apple par un syndicat mafieux), le cinéaste transpose le dilemme de la dénonciation sur les quais miséreux et embrumés du port de New York. Présentée par certains critiques comme une vaine tentative de justification, cette œuvre multiprimée a éclipsé la polémique par ses qualités intrinsèques : transcendé par la partition expressive de Leonard Bernstein et la photographie en noir et blanc, aux nuances évocatrices, de Boris Kaufman, ce film de gangsters atmosphérique dépeint la condition ouvrière avec un réalisme innervé de poésie. Dans des décors naturels où la grisaille des docks contraste avec la clarté rêveuse et protectrice des toits – où Terry veille sur un pigeonnier et une poignée d’apprentis boxeurs –, Kazan capte le sinueux cheminement moral d’un jeune rustre individualiste vers la justice et la dignité. Dictée par l’amour de la délicate et intègre Edie, remarquablement campée par Eva Marie Saint, et les prêches enflammés du père Barry (KarlMalden), cette transfiguration aux accents christiques est magistralement servie par Marlon Brando, dont l’aura chargée de sensualité et de vulnérabilité subjugue une fois encore. Meilleurs film, réalisateur, acteur (Marlon Brando), actrice dans un second rôle (Eva Marie Saint), scénario, image, montage et direction artistique, Oscars 1955 Meilleurs film, réalisateur, acteur et image, Golden Globes 1955 Lion d’argent, Venise 1954 (On the Waterfront) Film d’Elia Kazan (États-Unis, 1954, 1h43mn, noir et blanc, VF/VOSTF) Scénario : Budd Schulberg - Avec : Marlon Brando (Terry Malloy), Eva Marie Saint (Edie Doyle), Lee J. Cobb (Johnny Friendly), KarlMalden (le père Barry) - Production : Columbia Pictures Corporation, Horizon Pictures |