ARTE MAG N°11. LE PROGRAMME DU 9 AU 15 MARS 2019 6 L’Américaine Dès son premier film, Le bal, qu’elle tourne en 1931, à 14 ans, Danielle Darrieux impose un style de jeu impertinent, frais et fantasque. Qualifiée de « plus américaine des actrices françaises », elle accède au rang de star internationale avec le succès de mélodrames comme Mayerling (1936). Quatre ans plus tard, dans Battement de cœur, d’Henri Decoin (diffusé ce lundi par ARTE), elle fait preuve d’un abattage proche de celui de Katharine Hepburn. Bien plus tard, l’actrice reprendra d’ailleurs à Broadway en 1970 le rôle tenu par l’Américaine dans la comédie musicale Coco, inspirée de la vie de Coco Chanel, puis créera sur scène, en 1988, la pièce d’Ernest Thompson La maison du lac, l’un des derniers grands rôles de Hepburn au cinéma. Mais auparavant, elle aura eu l’audace de refuser les diktats hollywoodiens. Après La coqueluche de Paris, un premier film tourné aux États-Unis avec Douglas Fairbanks Jr., elle rompt son contrat avec Universal et retrouve Paris en 1939. Danielle et les garçons Dans Mauvaise graine (1934), premier film d’un débutant nommé Billy Wilder, mademoiselle Darrieux est l’unique membre féminin d’un gang de voleurs de voitures. Vingt-cinq ans plus tard, elle incarne le rôle-titre de Marie-Octobre, de Julien Duvivier, seule femme d’un groupe d’anciens résistants réunis pour démasquer le traître caché parmi eux. Pétillante et féminine, Danielle Darrieux ne se laisse pas réduire à un objet de désir masculin. Elle joue souvent les révoltées, les infidèles, les femmes de tête, voire les cyniques comme dans L’affaire Cicéron de Mankiewicz. Dirigeante de grand magasin dans Pot-Bouille en 1957, elle y toise Gérard Philipe, et fera de même, trois décennies plus tard, avec Daniel Auteuil dans Quelques jours avec moi de Claude Sautet. La muse Si elle tourne entre 1935 et 1941 six films sous la direction de son mari, Henri Decoin, Max Ophüls devient son mentor après la guerre et la dirige dans trois chefs-d’œuvre. Femme infidèle dans La ronde, touchante prostituée dans Le plaisir, Danielle Darrieux excelle de légèreté tragique dans Madame de…, également diffusé lundi par ARTE. Tout au long de sa carrière, l’actrice saura merveilleusement teinter la joie de Subtile Danielle Darrieux Disparue centenaire en 2017, Danielle Darrieux a traversé le siècle du cinéma avec un talent unique pour teinter la tristesse de légèreté. Retour, en trois temps, sur une carrière enchantée. mélancolie et inversement. Admirateur d’Ophüls et de son interprète d’élection, Jacques Demy la fera virevolter et chanter sans la faire doubler (soprano, « DD » a enregistré de nombreux disques) dans Les demoiselles de Rochefort en 1967, puis dans Une chambre en ville en 1982. Quant à François Ozon, il lui offrira dans 8 femmes le rôle d’une grand-mère indigne, avare, menteuse et meurtrière, qui clôt le film de façon bouleversante… en chantant. Marie Gérard Lundi 11 mars à 22.30 Documentaire Danielle Darrieux Il est poli d'être gai ! Lire page 13 En replay jusqu’au 11 mai JEAN-CLAUDE MOIREAU/RUE DES ARCHIVES |