ARTE MAG N°9. LE PROGRAMME DU 23 FÉVRIER AU 1 ER MARS 2019 6 Dans la minisérie Thanksgiving, avec Grégoire Colin et Évelyne Brochu, Nicolas Saada (Espion(s), Taj Mahal) affirme à nouveau son talent pour le mystère et le suspense, mêlant fiction de genre et approche intimiste. Entretien. Nicolas Saada La mélodie du secret Jeudi 28 février à 20.55 Minisérie Thanksgiving (1-3) Lire page 22 En replay jusqu’au 30 mars Comme dans Espion(s), votre premier long métrage, vous abordez le thème du couple sur fond de récit d’espionnage. Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette association ? Nicolas Saada : Pour moi, le récit d’espionnage est une métaphore de l’intime. Je crois qu’on ne connaît jamais vraiment les gens avec qui on vit. Même lorsqu’on partage une longue histoire, il reste une dose de secret, liée à la solitude de chacun. Aujourd’hui, il me semble que l’espionnage à la télévision repose soit sur le spectaculaire, comme dans les séries américaines, soit sur une approche très documentée comme dans Le bureau des légendes, qui sont remarquables dans leurs genres respectifs. Je voulais revenir à l’esprit des romans de John Le Carré. Ce que j’aime dans l’espionnage, c’est qu’il permet de créer du suspense, de l’inquiétude, avec une grande économie de moyens. Mes références principales étaient la série de la BBC La taupe et le film de Bergman Scènes de la vie conjugale. Avec la scénariste Anne- Louise Trividic, nous avons voulu explorer le thème du couple en créant un sentiment de danger, l’enjeu étant celui d’une histoire d’amour qui doit se réinventer. Étiez-vous familier du monde de la cybersécurité ? Quand je commence un nouveau projet, ma démarche consiste à m’imprégner le plus possible des éléments techniques du sujet, pour avoir ensuite la liberté de m’en détacher. Je me suis donc beaucoup documenté de sorte à rendre cet univers crédible, mais ce n’est qu’un arrière-plan : le sujet de la série n’est pas l’espionnage industriel, mais le couple. Je suis un ferme opposant à la théorie du complot, et j’avais à cœur de ramener l’idée de la conspiration à quelque chose d’humain. L’intrigue de Thanksgiving n’est pas déclenchée par des machinations orchestrées dans des univers parallèles, mais par des mauvaises décisions prises par des individus. La série plonge le spectateur dans une atmosphère très stylisée. Quel effet cherchez-vous à obtenir ? C’était une dimension très importante. Cette série est centrée sur le motif du secret : nous avons donc cherché des idées visuelles et sonores qui puissent rendre compte de l’état intérieur des personnages et faire écho aux différentes étapes dramatiques de l’histoire. Ce principe a induit nos choix de décors, de découpage, de lumière. Je n’aime pas me THIBAULT GRABHERR |