ARTE MAG N°45. LE PROGRAMME DU 3 AU 9 NOVEMBRE 2018 6 Thomas Cailley a été révélé par Les combattants, premier film couronné par un succès critique et public. Avec Ad vitam, série en forme de polar métaphysique aux envolées oniriques, il réaffirme son goût pour le mélange des genres et poursuit une réflexion sur la place de la jeunesse dans notre société. Entretien. Thomas Cailley, sur le tournage d’Ad vitam. Jeudi 8 novembre à 20.55 Série Ad vitam Lire page 22 Une vie sans fin Le monde d’Ad vitam n’a pas de fin, mais peutêtre pouvez-vous décrire sa naissance ? Thomas Cailley : L’espérance de vie en France est de quatre-vingt-deux ans, bien au-delà de la limite biologique qu’on pensait infranchissable il y a quelques décennies. Avec mon coauteur Sébastien Mounier, nous nous sommes intéressés à cet allongement de la vie et aux promesses parfois déraisonnées qu’il suscite, jusqu’aux prophéties effrayantes du courant transhumaniste qui considère la mort comme une anomalie, une maladie à vaincre… Nous nous sommes posé cette question simple : si demain il existait une solution pour repousser la mort, en vente libre en pharmacie, qui la refuserait ? Nous voulions que la régénération devienne pour chacun un choix moral, personnel et libre, qui débouche sur des enjeux vertigineux : un homme qui ne vieillit pas est-il encore humain ? La vie sans fin a-t-elle un sens ? La question qui nous intéressait le plus était celle de la transmission : quelle place donner aux jeunes générations dans un monde où l’on ne meurt plus ? En ce sens, Ad vitam parle aussi du monde d’aujourd’hui : une société qui essaie de faire de la jeunesse sa priorité, sans parvenir à lui donner sa place. La série s’apparente à un voyage… Nous sommes partis des personnages. Qui est Darius ? En quoi a-t-il besoin de Christa ? Sont-ils capables de se transmettre quelque chose ? L’intrigue policière est venue s’enrouler autour de leurs trajectoires. C’est la raison pour laquelle toutes les « règles » de ce nouveau monde ne sont pas données d’emblée. Nous voulions que l’aventure soit immersive : un mal est tapi au creux de cet environnement, mais il met longtemps à montrer son vrai visage. Darius et Christa avancent dans l’inconnu, traversent des univers inquiétants, parfois décalés... Leur enquête prend la forme d’une quête initiatique, à la fois viscérale et existentielle. Au fil de leur parcours, le récit IVAN MATHIE |