ARTE MAG N°44. LE PROGRAMME DU 27 OCTOBRE AU 2 NOVEMBRE 2018 6 Du lundi au vendredi à 17.35 Série documentaire Nomade des mers, les escales de l’innovation Lire page 16 arteà ÉDITIONS Dans le monde entier, ils expérimentent la low-tech, des techniques simples pour se nourrir, s’éclairer, etc. À bord de son catamaran, Corentin de Chatelperron, guide d’une passionnante série documentaire, est parti à la rencontre de ces « makers » de génie. Entretien avec cet ingénieur curieux. Les petits miracles de la low-tech Nomade des mers – Le tour du monde des innovations, le livre de Corentin de Chatelperron, paraîtra le 10 octobre 2018. Quelles inventions vous ont le plus impressionné au cours de votre périple ? Corentin de Chatelperron : J’ai été ébahi par le quartier où l’on récupère tous les objets usagés à Dakar. Guidés par un réparateur de télévision malien dans ce dédale de baraques et de ferrailles – où tout est en fait très ordonné ! –, nous avons pu fabriquer des éoliennes avec des petits moteurs d’imprimantes. Coûtant moins de 10 euros et certes de faible puissance, elles permettent de recharger un téléphone, d’allumer des LED, d’actionner une petite pompe : un dispositif utile au Sénégal où seule 40% de la population urbaine est reliée au réseau électrique. En matière d’alimentation, j’ai été marqué par la rencontre à Madagascar avec le docteur Vola, une femme qui, depuis 1998, cultive de la spiruline, une algue très riche en protéines : pour produire 1 kg de protéines, il faut cinquante fois moins d’espace de culture et trois cents fois moins d’eau que pour l’équivalent produit à base de bœuf. Des programmes de nutrition pour des dizaines de milliers de personnes ont ainsi été mis au point grâce à la culture à grande échelle de ce complément alimentaire. Qu’avez vous appris durant ce voyage ? Parti pour étudier des techniques, j’ai finalement été sensibilisé à tous les problèmes auxquels ces lowtech répondent : malnutrition, déforestation, coût des ressources énergétiques, rareté de l’eau potable. Cela m’a ouvert l’esprit. Qu’est-ce qui freine l’utilisation plus large de ces low-tech ? Parfaites en théorie, certaines solutions ne sont pas encore abouties. Par exemple, le réchaud que nous avons testé à Auroville en Inde donne un très bon feu sans fumées toxiques, mais on ne peut régler l’intensité de la flamme. Il faut donc l’améliorer. Souvent aussi, la technologie est intéressante, mais pas le modèle économique. Modèle viable, le charbon vert ELAINE LE FLOCH |