ARTE MAG N°37. LE PROGRAMME DU 8 AU 14 SEPTEMBRE 2018 6 Le fracas des utopies Au travers des trajectoires de treize personnages, célèbres ou anonymes, Frédéric Goupil, coréalisateur de 1918-1939 : les rêves brisés de l’entre-deux-guerres, ressuscite une époque troublée, entremêlant brillamment images d’archives et scènes de fiction. Entretien. DR Frédéric Goupil Mardi 11 septembre à 20.50 Série documentairefiction 1918-1939 : les rêves brisés de l’entredeux-guerres Lire page 18 De quelle manière est né le projet de cette ambitieuse fresque historique ? Frédéric Goupil : J’étais assistant réalisateur sur 14, des armes et des mots, le premier volet consacré à la Première Guerre mondiale, tourné par Jan Peter (coréalisateur de la série,ndlr). Le plaisir que nous avons éprouvé à le fabriquer a été si intense que nous avons souhaité lui donner une suite. Celle-ci affirme davantage encore le tissage entre images d’archives et scènes de fiction. Notre ambition était de hisser la fiction au niveau des premières, lesquelles possèdent une force impressionnante. Quels temps forts de l’entre-deux-guerres souhaitiez-vous mettre en lumière ? Après l’armistice et la grippe espagnole – plus meurtrière que la guerre – tout est à recréer. C’est le désir de tous. Pourtant, en vingt ans, le monde va sombrer. En cause, le traité de Versailles qui humilie l’Allemagne et fracasse l’Empire austro-hongrois. Il fragilise l’est de l’Europe qui subit la crise économique de 1929 et s’ouvre à tous les « -ismes » : communisme, anarchisme, populisme, nazisme, capitalisme, nationalisme, etc., EP ES.Sit Vous vous êtes essentiellement appuyés sur des journaux intimes, des autobiographies et des correspondances... Notre projet impliquait de ne pas utiliser d’archives patentées ni de traiter de personnages trop célèbres. Nous voulions donner une sensation de l’époque, pas une explication, ni une leçon d’histoire. En outre, durant l’entre-deux-guerres, le développement du cinéma et des actualités a généré la première grande mondialisation de l’image, avec des fonds d’archives immenses. Épaulée par des chercheurs, Suzanne Schiebler, qui est aussi la monteuse de la série, en a exploré des milliers, répartis dans vingttrois pays d’Europe. Comment avez-vous travaillé à partir de toute cette matière ? Nous voulions nous mettre à hauteur d’homme pour faire ressentir au spectateur ce que pouvait signifier être communiste en Allemagne, entre deux révolutions, anarchiste à Paris, ou encore star du cinéma muet d’origine polonaise comme Pola Negri, bousculée par le découpage des frontières, etc. Il nous fallait d’abord opérer un choix de personnages : treize ont été retenus, essentiellement des hommes et LIBRARY OF CONGRESS.EPS |