ARTE MAG N°36. LE PROGRAMME DU 1 ER AU 7 SEPTEMBRE 2018 8 Marche de l'égalité des femmes, New York, 1970. Corps en lutte(s) Retracée dans un pétillant documentaire, la révolution sexuelle mêla combat pour l’affirmation des individus et luttes collectives. Petite histoire de trois mouvements qui ont tenté d’atomiser les structures sociétales traditionnelles. Mardi 4 septembre à 20.50 Documentaire Révolutions sexuelles (1 & 2) Lire page 18 Les insoumis de la Kommune 1 Sur une photo restée célèbre dans la mémoire collective allemande, ils posent nus de dos, montrant littéralement leur postérieur à la société qui les a enfantés. Un manifeste emblématique. En 1967, des étudiants socialistes fondent la Kommune 1, première communauté libertaire et antiautoritaire prônant une transformation radicale de la société. Leur projet politique : amour libre et atomisation de la famille traditionnelle, accusée d’être une cellule d’organisation sociale oppressive et un ferment du fascisme. Ciblant les valeurs bourgeoises, les membres de la K1 pulvérisent la notion de vie privée en partageant tout et multiplient les happenings, en partie inspirés des situationnistes (attentats au pudding, slogans ironiques...). Pendant deux ans, leur impact sur la vie politique outre- Rhin s’avère retentissant. Bientôt infiltrés ou même incarcérés, les kommunards, qui deviennent les symboles de l’ingérence de l’État dans l’existence des citoyens, inventent un modèle de vie alternative que reprendront de nombreux collectifs dans le monde. Les coups d’éclat du Fhar L’émergence du Front homosexuel d’action révolutionnaire (Fhar), volontiers provocateur, marque une rupture historique dans la visibilité des gays en France, jusqu’alors très discrets. Fondé en 1971 par des féministes lesbiennes et des homosexuels, le mouvement parisien n’hésite pas à revendiquer l’homosexualité comme une force révolutionnaire et conteste, avec une virulence inédite, la société patriarcale et ses ghettos sociaux. Ses membres, comme l’auteur Guy Hocquenghem ou la journaliste Hélène Hazera, soutenus par Jean-Paul Sartre, multiplient les torpillages de congrès, les entrées en force dans des lieux interdits aux homos ou les baisers publics dans les cafés. Le Fhar influencera les collectifs militants qui lui succéderont, même si, de l’avis de tous, son organisation foutraque nuira à son efficacité réelle. Les happenings des Women’s Lib Brûler leurs soutiens-gorge, rejouer les scènes d’agression masculine pour les pasticher, mais aussi créer leurs propres banque et monnaie : les activistes du Women’s Lib (pour Women’s Liberation Movement) s’affirment comme les cousines d’Amérique créatives et inspirantes des mouvements qui fleurissent en France à la fin des années 1960, comme le MLF. Fédérant des femmes de toutes conditions et de toutes origines ethniques, et désireuses de se démarquer des groupes politiques traditionnels, les Women’s Lib multiplient les provocations pour amplifier l’écho de leurs revendications. Leur credo : déconditionner la femme des rôles discriminatoires que l’homme lui assigne. Pascal Mouneyres TIME & LIFE PICTURES/JOHN OLSON/GETYY IMAGES |