ARTE MAG N°17. LE PROGRAMME DU 21 AU 27 AVRIL 2018 6 La paix hors d’atteinte Soixante-dix ans après la création de l’État hébreu, le 14 mai 1948, Blanche Finger et William Karel remontent aux sources du conflit israélo-palestinien dans un documentaire historique limpide, et signent aussi un portrait du pays à travers le regard de ses principaux écrivains. Entretien. I William Karel Blanche Finger Des civils juifs fuient la vieille ville de Jérusalem en 1929. Il y a vingt ans, William Karel, vous avez réalisé un film en trois volets sur l’histoire d’Israël. En quoi ce nouveau documentaire historique est-il différent ? William Karel : Le film de 1997 couvrait cinquante ans d’histoire, de 1947 à l’année de sa réalisation. Ce nouveau documentaire en deux parties, Une terre deux fois promise – Israël-Palestine, commémore les 70 ans de la création de l’État hébreu, mais aussi les 50 ans de la guerre des Six-Jours de 1967. Nous avons choisi d’arrêter l’histoire à cette date car elle marque le basculement du pays dans une politique de colonisation des territoires palestiniens qui allait ruiner toute perspective de paix. Le deuxième film, Histoires d’Israël, est la suite logique du premier, un état des lieux de la société israélienne d’aujourd’hui par dix écrivains israéliens cherchant à surmonter le fait de vivre une situation qu’ils dénoncent et qu’ils se sentent impuissants à faire évoluer. Dans ce film aussi, le ton se révèle très pessimiste. C’est malheureusement l’impression qui ressort de l’ensemble : qu’ils soient historiens ou romanciers, palestiniens ou israéliens, la paix semble hors d’atteinte à tous, car les dirigeants actuels semblent ne plus en vouloir, ni d’un côté ni de l’autre. Comment avez-vous choisi vos interlocuteurs ? Blanche Finger : Ils présentent la particularité d’avoir vécu personnellement cette histoire, d’en être à la fois les témoins et les historiens. La plupart d’entre eux, israéliens et palestiniens, étaient des enfants en 1948, au moment de la création de l’État d’Israël et de l’exil des Palestiniens. L’historienne israélienne Dina Porat, par exemple, se souvient avec émerveillement de son arrivée en Israël, en bateau, alors qu’elle était enfant, et du sentiment de « nouveau départ » qui régnait. D’autres se rappellent les trois semaines d’attente qui ont précédé le déclenchement de la guerre des Six-Jours, et leur terreur quand la radio égyptienne clamait que les Israéliens seraient LIBRARY OF CONGRESS |