ARTE MAG N°50. LE PROGRAMME DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2017 6 Au-dessus des lois Cinq ans après leur film sur Goldman Sachs, Jérôme Fritel signe avec Marc Roche une éclairante enquête sur la banque HSBC, autre symbole des dérives de la finance et de l’impunité de ses dirigeants. Entretien. Jérôme Fritel L’histoire de HSBC est indissociable de celle de Hongkong... Jérôme Fritel : Cette banque est née en même temps que Hongkong et leur histoire est intimement liée. À l’origine petit port de pêche, la ville s’est développée grâce au commerce de l’opium – légalisé à l’époque – entre la Grande-Bretagne et la Chine, dans la seconde moitié du XIX e siècle. Créée par des trafiquants, HSBC emploie ainsi dès le début des méthodes de pirate. Depuis la rétrocession de Hongkong en 1997, elle a choisi de localiser son siège au Royaume-Uni, mais elle réalise les trois quarts de ses profits et de son business en Asie, notamment en Chine. À la différence des autres grandes banques, adossées à un pays, cet empire financier n’est donc sous le contrôle d’aucun régulateur, ni des autorités britanniques, auprès desquelles il est déjà trop puissant, ni des chinoises, qui ont besoin de lui. Institution supranationale et pionnière de la mondialisation, HSBC gagne à tous les coups ! Et comme le montre le film, en matière financière, Hongkong reste une sorte de Far West... Vos interlocuteurs décrivent des valises de billets et des millions en argent liquide déposés dans ses coffres... Contrairement à Goldman Sachs, qui incarnait la finance sophistiquée, HSBC tient de la banque de détail traditionnelle, où l’on fonctionne avec des flux de cash, que l’on cherche à faire tourner. Quelqu’un dit dans le film que cette banque − qui a créé le plus de sociétés offshore − constitue la plus formidable blanchisseuse d’argent à l’échelle mondiale. if Ft% 1 t MettUttliritt. ç giP l GETTY IMAGES |