ARTE MAG N°46. LE PROGRAMME DU 11 AU 17 NOVEMBRE 2017 6 Passionnés de science-fiction, le producteur Patrick Benedek et le scénariste Claude Scasso ont coécrit la série Transferts, un thriller futuriste qui interroge avec acuité notre actualité pour proposer une réflexion originale sur l’identité. Verbatim. Jeudi 16 novembre à 20.55 Série Transferts (1-3) Lire page 22 Vertiges en série Libre cours « Pour nous, Transferts a d’abord été un terrain de jeu : l’idée était de donner libre cours à notre goût pour l’anticipation, sans contrainte aucune, car on ne pensait pas que le projet pourrait être produit. On cherchait un thème sociétal qui n’ait pas été trop exploité et qui soit susceptible d’être développé avec un budget raisonnable (au cas où !). Le transfert a souvent été utilisé comme un ressort comique : les protagonistes inversent les rôles, ce qui crée des situations amusantes. On a décidé de prendre ce concept au sérieux, en imaginant un monde où il serait devenu possible de transférer l’esprit d’un individu dans le corps d’un autre » (Claude Scasso). « Cela posait des questions politiques et morales très intéressantes. Comment la société a-t-elle évolué avec cette nouvelle réalité ? Pour ne pas tomber dans le didactisme, nous avons voulu aborder le sujet à travers une expérience émotionnelle. Le spectateur entre dans l’histoire en suivant un personnage qui a été transféré contre son gré dans le corps d’un autre, et qui découvre avec un œil innocent un monde qui le dépasse complètement. Ce qui nous a permis de mélanger les genres (thriller, mélo, policier, aventure...) poour offrir un vrai divertissement » (Patrick Benedek). Identités « Le transfert nous emmène à la frontière de l’esprit et de l’âme, de la science et de la religion, de la raison et des émotions. Qu’est-ce que le corps, qu’est-ce que la conscience ? Qu’est-ce qui fait notre identité ? Notre identité sociale est d’abord véhiculée par notre corps, mais le corps ne dit pas tout. Notre héros se retrouve ainsi prisonnier d’une cage : il hurle intérieurement, mais personne ne le voit » (C. S.). « Cette dualité traverse toute la série. La plupart des personnages ont plusieurs visages, même ceux qui ne sont pas ‘transférés’. C’est pourquoi ils ont une forte densité humaine, y compris les plus détestables. Liza est un horrible méchant dans le corps d’une enfant ! Et pourtant, ce n’est pas le pire de tous... » (P. B.). Analogie « La fiction d’anticipation fonctionne par analogie. C’est une métaphore qui interroge les évolutions possibles de notre société. À travers le problème du transfert, la série parle de l’inquiétude suscitée par les recherches sur l’intelligence artificielle, mais aussi de la marchandisation des corps, du problème de l’accueil des réfugiés, de la résurgence du religieux, de la montée du terrorisme... On n’imaginait pas, quand on s’est lancés dans ce projet, qu’on serait à ce point rattrapés par la réalité » (P. B.). Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène nrtirmEolT IONS Retrouvez cet entretien en vidéo dans le bonus du coffret DVD, disponible le 8 novembre. LAURENT THURIN-NAL |