ARTE MAG N°40. LE PROGRAMME DU 30 SEPTEMBRE AU 6 OCTOBRE 2017 8 Samedi 30 septembre à 20.50 Documentaire Jacques Mayol L’homme dauphin Lire page 11 Jean-Marc Barr EU 09£104.1e Dolphin Man VR Trois films en VR pour explorer les fonds marins avec les grands apnéistes William Trubridge, Fabrice Schnöller et Sara Campbell. À découvrir en VR sur l’appli ARTE 360 et au MK2 Bibliothèque à partir du 13 septembre. Réalisation : Benoît Lichté (France, 2017, 3x5mn) - Coproduction : ARTE GEIE, Seppia Interactive, Wowow Japan Comment avez-vous rejoint ce projet ? Jean-Marc Barr : Le réalisateur, Lefteris Charitos, m’a d’abord interviewé, puis, quelques mois plus tard, m’a demandé d’enregistrer les voix anglaise et française du documentaire. Trente ans après Le grand bleu, je trouvais important de célébrer le véritable Jacques Mayol et sa philosophie, qui ont été éclipsés par cette fable. Luc Besson a joué la carte de la juvénilité, de l’innocence, du non-être. Mais le vrai Jacques Mayol était cent fois plus intéressant, avec bien plus d’aspérités que le personnage que j’ai interprété. J’ai été témoin de la souffrance et de la frustration que lui a causées la popularité du film. Quand un être humain se voit dépossédé de son histoire et de la magie qu’il a créée, c’est une petite tragédie... Quels souvenirs gardez-vous de lui ? Je l’ai rencontré pendant les deux mois de préparation qui ont précédé le tournage et nous avons gardé contact ensuite. Nous avons partagé des moments superbes lors de nos entraînements ensemble. Je n’avais jamais fait d’apnée et j’ai ressenti à ses côtés l’émotion de plonger dans l’océan et en soimême, et la relation essentielle qui unit l’homme à la mer. Hors de l’eau, Jacques était un bon vivant. Il aimait rire et draguer. Pour moi, il fait partie de ces héros aventuriers des années 1960-1970 qui, comme Cousteau, sont partis de rien, ont eu le cran d’explorer l’inconnu et de faire de leur vie une philosophie. Mais cette vie a un prix : en sacrifiant tout à Dans le portrait Jacques Mayol – L’homme dauphin, l’acteur Jean-Marc Barr s’approprie les mots du célèbre apnéiste pour restituer sa complexité et sa pensée, loin du personnage qu’il a incarné dans Le grand bleu. Entretien. Jacques Mayol en profondeur sa passion, Jacques s’est retrouvé seul à la fin. Et en vieillissant, il ne pouvait plus assumer le personnage de lui-même qu’il s’était créé. Il a alors fait le choix du samouraï – ou du dauphin : il est parti seul au moment où il l’a décidé. Avez-vous découvert des éléments de son parcours que vous ignoriez grâce au documentaire ? Je connaissais déjà les détails de son passé, ses records, sa pratique du yoga, sa tristesse à la fin de sa vie, mais je n’avais jamais vu la photo de sa femme, ni ses enfants, par exemple. J’ai été très touché de découvrir son entourage, les relations profondes qu’il a pu nouer tout au long de son existence, notamment avec ses collègues et amis japonais, dont on voit qu’ils sont encore affectés par sa disparition. Sa trajectoire, sa pensée, font écho à des problématiques très actuelles... Pour lui, l’homme vient de la mer et a une responsabilité vis-à-vis de la nature. Le nier s’apparente à un péché. Ce message, qu’il a essayé de véhiculer à travers ses plongées et ses écrits, nous parle d’autant plus dans le monde d’aujourd’hui où, à cause du changement climatique, on est en train de réaliser la vraie valeur des choses. Propos recueillis par Manon Dampierre JUNJI TAKASAGO |