ARTE MAG N°39. LE PROGRAMME DU 23 AU 29 SEPTEMBRE 2017 6 Femme Fatale Romancier et auteur de séries à succès, l’écrivain québécois Stéphane Bourguignon signe avec Fatale-Station un thriller aux faux airs de western, teinté d’humour noir et – pour les Français – délicieusement exotique. Interview. Jeudi 28 septembre à 20.55 Série Fatale-Station (1-3) Lire page 22 611l'eStéphane BourguignonrtPEDITIONS Disponible en coffret DVD Il règne une ambiance assez particulière dans la petite ville de Fatale-Station. Est-elle typique des campagnes québécoises ? Stéphane Bourguignon : Disons que j’ai un peu forcé le trait ! Au Canada, lorsqu’on s’éloigne de la ville, on se retrouve souvent à proximité d’une réserve indienne. Imaginer une histoire dans un village retiré m’intéressait depuis longtemps. Toute société éloignée finit par développer ses propres codes, c’est vrai partout dans le monde... Ce cadre était aussi une manière de refléter l’intériorité des personnages, qui sont, comme le lieu où ils vivent, en proie à un étouffement et contraints à une quête intérieure. L’ambiance de la série fait penser au western... L’idée était d’abord d’envoyer dans cette ville une étrangère qui va bouleverser la vie des habitants, puis repartir sans que son mystère soit éclairci. Quand je me suis aperçu que cela ressemblait à un western, je me suis amusé à en reprendre les codes, à les décaler. Nous ne voulions pas de parodie mais plutôt un clin d’œil, qui apporte un second degré à cette histoire et à ses grands thèmes comme la survie, la convoitise, le pouvoir, la rédemption. Je souhaitais, en évitant le démonstratif, que les personnages vivent des émotions viscérales. Celles-ci existent en sourdine, derrière une tonalité d’humour noir. Le thème de la violence faite aux femmes est au cœur de l’intrigue. Pourquoi ? Ce sujet a longtemps été tu. Il est aujourd’hui de plus en plus mis en avant. Avec raison, bien sûr. J’avais envie moi aussi de mettre l’accent sur lui. Fatale- Station montre des femmes qui vivent sous le joug des hommes et raconte comment elles réussissent à s’en libérer. C’est une série féministe ! En tant que romancier, qu’est-ce qui vous intéresse dans l’écriture de séries ? Ce type d’écriture se rapproche beaucoup du roman, car il donne la possibilité de travailler sur la durée, d’approfondir les personnages, de creuser une intrigue. La télévision y ajoute une exigence d’efficacité, que j’apprécie, mais qui conduit trop souvent à donner d’emblée toutes les clés au spectateur. J’ai essayé de faire l’inverse, en proposant une histoire qui se construit dans la longueur, en crescendo. Une série, c’est un peu comme un voyage en mer. Les spectateurs ont envie de partir à l’aventure, et pas qu’on leur dise à l’avance ce qu’ils vont rencontrer ! Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène FABRICE GAÉTAN/SYSPEO/SIPA |