2017 BY PARAMOUNT PICTURES 20.50 Cinéma La barbe à papa Sur fond de crise des années 1930 aux États-Unis, la folle équipée d’un escroc et d’une fillette dégourdie. Entre chronique sociale et road-movie, un film attachant au somptueux noir et blanc. Lors des obsèques d’une de ses anciennes conquêtes, Moses Pray, un escroc qui vend à prix d’or des bibles à des veuves éplorées, fait la connaissance de la fillette de la défunte, dont il est peut-être le père. Chargé de conduire l’orpheline chez sa tante dans le Missouri, le hâbleur professionnel finit par s’attacher à la gamine effrontée, le duo nomade se lançant bientôt dans une équipée épique à travers un pays ravagé par la crise, de coups tordus en fuites improvisées. MÉLANCOLIQUE ÉPOPÉE Entre chronique acide des années 1930 dans une Amérique rongée par la misère et tendre portrait d’un couple père-fille, Peter Bogdanovich signe un touchant road-movie, drôle et mélancolique. L’élégance de la mise en scène tient, notamment, aux somptueux plans en noir et blanc. Ici, routes infinies, paysages désolés du Middle East et bourgades oubliées où survivent des laissés-pour-compte contrastent avec la course folle et l’énergie contagieuse des deux compagnons d’infortune. Avec sa coupe blonde au bol et sa salopette, la môme Addie, langue bien pendue et courage chevillé au corps (Tatum O’Neal, 10 ans, plus jeune Oscar de l’histoire), évoque un irrésistible « kid » à la Chaplin, tandis que son escogriffe de père présumé (Ryan O’Neal) émeut par sa fragilité de bonimenteur. Oscar 1974 du meilleur second rôle et Golden Globe 1974 du meilleur espoir féminin (Tatum O’Neal) - Prix spécial du jury et Coquille d’argent, Festival de San Sebastián 1973 (Paper Moon) Film de Peter Bogdanovich (États-Unis, 1973, 1h42mn, noir et blanc, VF/VOSTF) - Scénario  : Alvin Sargent, d’après le roman éponyme de Joe David Brown - Avec  : Ryan O’Neal (Moses Pray), Tatum O’Neal (Addie Loggins), Madeline Kahn (Trixie Delight), John Hillerman (Jess Hardin), P.J. Johnson (Imogene), Jessie Lee Fulton (Miss Ollie) Production  : Directors Company, Paramount Pictures, Saticoy Productions 22.30 Cinéma L’homme sans âge Frappé par la foudre, un linguiste rajeunit de quarante ans. Tim Roth parcourt les âges et les époques dans ce film épique de Coppola. 1938, Roumanie. Alors qu’il traverse la rue, le vieux linguiste Dominic Matei est terrassé par la foudre. L’équipe médicale qui le prend en charge va de surprise en surprise  : alors qu’il aurait dû mourir, l’homme cicatrise et laisse place à un jeune homme de 30 ans. Intéressés par son cas, les nazis ne laissent d’autre choix au convalescent que de s’enfuir. Alors qu’il acquiert des pouvoirs surnaturels, Dominic décide de les mettre au service d’un seul but  : établir l’origine du langage sur terre. FRONTIÈRES DU RÉEL Pour L’homme sans âge, adapté du livre du Roumain Mircea Eliade, Francis Ford Coppola flirte avec les frontières de la compréhension humaine, brassant des thèmes qui lui sont chers  : la dualité, la ligne 0.35 La lucarne Les éternels Habité par des fantômes, un saisissant récit d’errances en terre arménienne. Ils marchent à pas lents sur les chemins, courent à perdre haleine, comme pour échapper à des poursuivants. Des horreurs, ils en ont sans doute trop connu, peut-être trop commis aussi. Ils voudraient que la vie les abandonne pour, enfin, être libérés de leur souffrance. Tous les personnages qui traversent ce film et les terres aux confins du Haut-Karabagh portent en eux une infinie mélancolie, habités par les fantômes du génocide de 1915 et du conflit qui meurtrit la région depuis la chute de l’Empire soviétique. Ils errent dans cette enclave arménienne en Azerbaïdjan, autoproclamée indépendante en 1991, mêlant leurs délires et leur folie à ce qui reste de l’effondrement de l’Union soviétique au Caucase  : des PATHÉ FILMS ZEUGMA FILMS poreuse entre la folie et la raison. Évoluant dans des décors somptueux, le couple Tim Roth-Alexandra Maria Lara fait de sa rencontre une jolie variation sur le thème de l’amour éternel. (Youth Without Youth) Film de Francis Ford Coppola (États-Unis/France/Italie, Allemagne/Roumanie, 2007, 2h, VF/VOSTF) - Scénario  : Francis Ford Coppola, d’après la nouvelle Le temps d’un centenaire de Mircea Eliade - Avec  : Tim Roth (Dominic), Alexandra Maria Lara (Veronica/Laura), Bruno Ganz (Stanciulescu), André Hennicke (Josef Rudolf) - Production  : American Zoetrope, SRG Atelier, Pricel, BIM Distribuzione ruines, des espaces inhabités, des tombes, des tranchées d’où des soldats guettent un ennemi invisible. Avec une composition inspirée de l’œuvre de Yéghiché Tcharents, poète arménien, victime en 1937 de la terreur stalinienne, le cinéaste Pierre-Yves Vandeweerd transforme la matière de l’histoire en poésie. Documentaire de Pierre-Yves Vandeweerd (France/Belgique, 2016, 1h15mn) Coproduction  : ARTE France-La Lucarne, Zeugma Films, Wallonie Image Production (WIP) lundi 25 septembre ARTE MAG N°39. LE PROGRAMME DU 23 AU 29 SEPTEMBRE 2017 17