ARTE MAG N°22. LE PROGRAMME DU 27 MAI AU 2 JUIN 2017 10 Mercredi 31 mai à 20.55 Cinéma Saint Laurent Lire page 24 Gaspard Ulliel Le chic incarné Révélé très jeune par Michel Blanc et André Téchiné, déjà récompensé par deux César, Gaspard Ulliel a l’élégance d’associer le glamour à une grande discrétion. Son interprétation dans Saint Laurent a donné un nouvel élan à sa carrière. Il l’a dit à plusieurs reprises : jouer Yves Saint Laurent dans le film de Bertrand Bonello a constitué, dans sa carrière comme dans sa vie, une étape cruciale. Jusqu’alors, on ne lui avait jamais proposé de jouer un tel personnage, adulte, complexe, charismatique, sans parler de sa stature « historique ». Révélé très jeune par Michel Blanc (Embrassez qui vous voudrez), Gaspard Ulliel, comédien alors encore en quête d’identité, s’est emparé de l’occasion pour s’offrir une nouvelle naissance. La première partie de sa carrière s’était construite sur l’éclat d’une beauté singulière, d’une présence à la grâce presque androgyne. Un éclat synonyme d’apparitions marquantes (Les égarés d’André Téchiné, Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet, qui lui vaudra un César), mais aussi d’une certaine dispersion. Devenu égérie pour Chanel, filmé par Martin Scorsese dans une publicité clinquante et placardé en photo à tous les coins de rue, il aurait pu rester prisonnier de son joli minois. C’est justement grâce à ce confortable contrat que Gaspard Ulliel s’est payé le luxe de se faire plus rare, pour opérer une mue dont Saint Laurent a été le point d’orgue. Ses choix sont aujourd’hui plus incarnés, plus risqués. En témoignent son rôle en retrait, tout en écoute et en intensité, dans Juste la fin du monde de Xavier Dolan, ou le dandy de l’ombre qu’il interprète dans La danseuse de Stéphanie Di Giusto. NOUVEAUX TERRITOIRES Fort d’une assurance nouvelle, il cherche à explorer d’autres territoires, et il continue de se mesurer à des partenaires d’exception dans deux films qui sortiront cette année : Eva, adaptation par Benoît Jacquot d’une série noire de James Hadley Chase, avec Isabelle Huppert ; et Les confins du monde de Guillaume Nicloux, où il incarne un jeune chef de commando pendant la guerre d’Indochine, face à Gérard Depardieu. À 32 ans, cet acteur, aussi glamour que réservé, à la présence apaisante et réfléchie, déjà récompensé de deux César (le second pour Juste la fin du monde), semble en pleine possession de ses moyens. Jonathan Lennuyeux-Comnène GETTY IMAGES/FABRIZIO MALTESE |