ARTE MAG N°21. LE PROGRAMME DU 20 AU 26 MAI 2017 8 Tokyo Le temps retrouvé Presque rasé à deux reprises au XX e siècle, Tokyo a perdu une part de son passé. La ville revit dans un film tissé d’archives, dont certaines colorisées sous l’égide de Louis Vaudeville, l’un des coproducteurs *. Il revient sur trois de ces images. Une avenue de Tokyo, 1898 « Le récit s’organise autour d’archives de la NHK et l’essentiel de notre travail a consisté à les coloriser. C’est à un opérateur des frères Lumière que l’on doit ces toutes premières images animées d’une avenue de Tokyo, tournées près de la place impériale, à la saison des cerisiers en fleurs. Pour en restituer les couleurs, notre équipe s’est inspirée des nombreuses photographies peintes à la main sur la vie au Japon à la fin du XIX e siècle. Nous avons aussi travaillé à partir des autochromes (diapositives couleurs sur plaque de verre) du fonds Albert-Kahn et consulté la collection de textiles du musée Guimet. Pour ce plan, la NHK nous a même adressé des photos contemporaines de cerisiers japonais en fleurs pour que nous respections bien les couleurs ! » Grand séisme du Kanto, 1923 « Ce film a été tourné juste après le terrible tremblement de terre de la plaine du Kanto, qui a fait plus de cent cinq mille victimes, dont la plupart ont péri par le feu. Les Tokyoïtes, impuissants, assistent à la destruction de la quasi-totalité du centre historique de leur ville, dont toutes les maisons étaient en bois. Pour documenter les couleurs de ces scènes dramatiques, nous nous sommes basés sur les nombreuses photographies et cartes postales colorisées à la main produites après l’événement, ainsi que sur des témoignages, comme celui de Paul Claudel, alors ambassadeur de France au Japon, qui a écrit un texte poignant, À travers les villes en flammes. Les équipes japonaises ont travaillé sur le côté réaliste des flammes et des fumées, en étudiant des films d’incendie. » Samedi 20 mai à 20.50 Documentaire Tokyo, cataclysmes et renaissances Lire page 11 Quartier de Taito, 1945 « Ces images sont particulièrement émouvantes, car elles sont commentées dans le film par Kosuke Sato, le tout petit garçon que l’on voit au centre, entre son frère et son père. Après le terrible bombardement du 10 mars 1945, qui a fait plus de cent mille victimes en une nuit, ils se rendaient chaque jour sur les ruines de leur maison, et fouillaient les décombres à la recherche de quelque chose à vendre. Dans ces séquences tournées après la capitulation du Japon (2 septembre 1945), le cameraman capte malgré tout l’impression de soulagement que ressentaient ces familles. » Propos recueillis par Maria Angelo * Pour la société française Clarke Costelle & Co., spécialisée dans ce type de travail. Kiroku Eiga Ozon Center |