STEVE SHAPIRO EN COUVERTURE SELF-MADE DIVA Sa puissante personnalité, assortie d’une voix unique, lui a permis de se hisser au rang d’icône planétaire. Un flamboyant parcours qui imprègne tous ses rôles, dont celui de Katie, dans Nos plus belles années, constitue l’irrésistible archétype. 6 N°16 – Semaine du 15 au 21 avril 2017 – ARTE Magazine Dimanche 16 avril à partir de 20.55 SOIRÉE BARBRA STREISAND Lire pages 13-14 Une carrière d’exception jalonnée de records de ventes de disques, de succès sur scène et à l’écran ainsi que de multiples et prestigieuses récompenses : Barbra Streisand relève du phénomène. Devenue – sans jamais cesser d’être elle-même – symbole de l’affirmation de soi pour les femmes et les minorités discriminées, elle s’est glissée dans des rôles proches de sa propre vie et de son tempérament volcanique. Ainsi dans Funny girl de William Wyler (1968), son premier film, adaptation de la pièce qui l’avait consacrée à Broadway après ses débuts fulgurants de chanteuse à l’aube des sixties, elle incarne une jeune fille rêvant, tout comme la petite Barbara Joan Streisand quelques années plus tôt, de devenir actrice. Avec un Oscar à la clé, la jeune première atypique au regard voilé d’un strabisme y fait montre de l’humour dévastateur qui la caractérise. Mais c’est dans Nos plus belles années, magnifique mélodrame de Sydney Pollack où elle forme avec Robert Redford un couple devenu mythique, qu’apparaît, à travers son personnage de Katie Morosky, la vraie Barbra. Comme son personnage, juive newyorkaise d’origine modeste, Barbra, née en 1942, a vécu une enfance difficile à Brooklyn. Privée de son père, mort alors qu’elle n’avait que 15 mois, elle est peu aimée de sa mère. Et comme Katie, farouchement fidèle à ses origines juives, Barbra Streisand a toujours refusé de modifier son nom de famille. PROFESSION DE FOI Au long d’un récit qui épouse les soubresauts d’une période clé de l’histoire des États-Unis, de 1937 aux années 1950, elle interprète avec flamme cette militante des jeunesses communistes, qui défend les droits des soldats noirs démobilisés ou s’élève avec virulence contre la chasse aux sorcières sévissant à Hollywood. Dans la vie, la star, fidèle soutien du Parti démocrate, icône engagée auprès des homosexuels ou des femmes, a fait dernièrement une intervention remarquée lors de la Women’s March contre Trump. Filmée par Sydney Pollack en perpétuel mouvement, elle fait preuve d’une flamboyante énergie, celle-là même qui lui a permis d’accéder au devant de la scène à 20 ans pour devenir chanteuse, actrice, réalisatrice et productrice. Et c’est elle qui mène la barque, face à un Redford radieux, lors d’une promenade sur l’eau. Féminine, sûre d’elle, Katie/Barbra lui déclare : « Je sais que je suis séduisante, mais je ne suis pas attirante dans le genre habituel. » Une profession de foi pour celle qui ne s’est jamais pliée aux diktats de la beauté hollywoodienne, refusant de retoucher son nez. Lors du générique, dont la diva chante bien sûr la chanson-titre, son nom apparaît en premier, au-dessus de celui de Redford. Chapeau bas. Marie Gérard |