EN COUVERTURE RODIN LE SCANDALE DE LA BEAUTÉ Contesté de son vivant, Auguste Rodin a dû attendre l’âge de 60 ans pour connaître la gloire. Dans le cadre du centenaire de sa mort et d’une exposition au Grand Palais, ARTE diffuse un documentaire qui revisite son œuvre. L’occasion de s’intéresser à cinq créations qui marquèrent sa carrière tumultueuse. « L’HOMME AU NEZ CASSÉ » (1864) Né dans une famille modeste, Rodin, recalé à trois reprises aux Beaux- Arts, vit dans son quartier parisien natal, Mouffetard. En croisant dans la rue un palefrenier éreinté par la vie, il décide de sculpter son buste, en accentuant ses rides, sa barbe et son nez cassé. Malheureusement, la rudesse de l’hiver gèle son travail : l’arrière de la tête se fend et tombe. Reste le masque, que Rodin envoie malgré tout au Salon de Paris 1865. Jugée laide et inachevée, l’œuvre est refusée. Âgé de 25 ans, Rodin reste persuadé qu’il s’agit de « sa première bonne sculpture », celle qui déterminera son travail futur : « Ce qu’on nomme communément laideur dans la nature peut dans l’art devenir de grande beauté », estimait-il. 4 N°14 – Semaine du 1er au 7 avril 2017 – ARTE Magazine, « LA PORTE DE L’ENFER » (1880-1917) Après la réhabilitation de L’âge d’airain, l’État s’intéresse à Rodin et lui passe la commande de sa vie : la création de la porte du futur musée des Arts décoratifs de Paris, inspirée de La divine comédie de Dante. Un chef-d’œuvre monumental, haut de 6,36 mètres, peuplé de damnés, de femmes aimées et d’une myriade de secrets. Résolument avant-gardiste, l’artiste en fait son laboratoire puis son journal intime, tout en offrant une existence autonome à certaines des figures de cette Porte, comme Le penseur ou Ugolin et ses enfants. Incapable de l’achever, Rodin ne la présente qu’une fois au public, en marge de l’Exposition universelle de 1900, dans une version volontairement dépouillée. La porte de l’enfer ne fut coulée en bronze qu’une vingtaine d’années après la mort du maître. PHOTO MUSÉE RODIN - HERVE LEWANDOWSKI |