WEB NANARCHISMESrtei CRE TIVE LA WEBSÉRIE NANAROSCOPE ! PLONGE DANS LES NANARS les plus improbables pour révéler les arcanes de ce cinéma déviant et néanmoins complémentaire d’œuvres plus reconnues du septième art. À L’OMBRE DES CHEFS-D’ŒUVRE célébrés, un autre cinéma a très tôt germé, se nourrissant de tous les restes de l’industrie pour les accommoder à son étrange sauce et donner naissance à des objets défiant tous les canons en vigueur, mieux connus sous l’appellation de nanars. Ces films se caractérisent par des scénarios aberrants et des moyens rachitiques, et sont l’expression délirante d’un cinéma zigzagant sous le radar de la critique, des salles à succès et des castings de prestige. Ils sont produits par des sociétés boiteuses, unies par l’ambition de faire vite et pas cher, au sein desquelles œuvrent des bras cassés, producteurs ou réalisateurs concevant leurs projets sur le seul pouvoir d’attraction d’un titre : Du sang rouge sur ma ceinture noire, American ninja, Samouraï cop… Le nanar, c’est le cinéma qui fonce d’abord, et qui réfléchit après. Ou pas. Après tout, est-ce bien nécessaire ? SI CE PAN DE CULTURE POP semble uniforme dans la nullité, Nanaroscope !, websérie en dix épisodes de Régis Brochier, démontre qu’il s’agit en réalité d’un continent vaste et varié, avec ses genres, sous-genres et codes afférents : le film de samouraï, de ninja, de cannibales, de jeux vidéo, ou encore de «bruceploitation»(consistant à mettre en scène des sosies de Bruce Lee après la mort 07, de la star). Leurs créateurs, comme le résume l’historien Christophe Bier au sujet de la maison Eurociné, grande pourvoyeuse de ces désastres sous-budgétés, ont en partage une «naïveté folle», celle «de croire que malgré les carences ils vont réussir à donner le change». Par exemple en habillant d’un jean une carcasse de cochon pour figurer un cadavre humain. DE LA FRANCE AUX ÉTATS-UNIS.11 en passant par l’Italie et l’Ouganda, Nanaroscope ! dévoile une véritable internationale de la médiocrité, qui fédère d’étonnantes poésies. Tout raté qu’il puisse être, démontre ainsi Régis Brochier, le vrai nanar, à la différence du navet, ne saurait être taxé de cynisme, et se fonde au contraire sur une touchante intégrité. C’est un rêve de cancre, un hommage sincère à la puissance du cinéma, une catastrophe industrielle d’une générosité désarmante. Au terme d’une exploration solidement documentée et jamais méprisante, ARTE propose aux amateurs de prolonger ces plaisirs coupables sur son site dédié au septième art, ARTE Cinéma, avec quatre titres incontournables du genre. On pourra voir (et re re revoir) Robot monster, La momie aztèque contre le robot, L’espion qui venait du surgelé ou Clash of the ninjas pour une durée de deux ans. Augustin Faure 8 N°5 – Semaine du 28 janvier au 3 février 2017 – ARTE Magazine NANAROSCOPE ! Websérie de Régis Brochier (France, 2016, 10x7mn) Coproduction : ARTE France, Tournez S’il Vous Plaît arte.tv/nanaroscope |