Lundi 30 janvier à 23.35 MISSING – PORTÉ DISPARU Lire page 17 SN 1.1.1C13 de4JIS CINÉMA D’une rigueur et d’une efficacité remarquables, le cinéma de Costa-Gavras explore de manière féroce la complexité des rapports de l’homme avec le pouvoir. Un coffret de ses neuf premiers films, riche d’archives rares et de documents, coédité par ARTE, lui rend hommage. Costa-Gavras – Intégrale, vol. 1/1965-1983 En coffrets DVD et Blu-ray COSTA-GAVRAS SE FAIT COFFRET Au cours de l’été 1968, Costa-Gavras, fils de communiste grec exilé à Paris, invente le polar politique à Alger en tournant Z, tiré du roman éponyme de son compatriote Vassílis Vassilikós. Un film manifeste, aussitôt phénomène, qui reçoit deux Oscars et le Prix du jury à Cannes et que Steven Spielberg et William Friedkin considèrent comme fondateur. Alors âgé de 36 ans, le jeune cinéaste, ami de Montand et de Signoret, revendique l’engagement et impose sa marque, mêlant art de la narration, sens du thriller et maîtrise de la mise en scène. Mais si son style séduit Hollywood, Constantin Costa-Gavras résiste aux sirènes des studios, déclinant l’offre de tourner Le parrain. Car son désir tend d’abord vers un cinéma politique. En témoigne le coffret DVD/Blu-ray Costa-Gavras – Intégrale vol.1/1965-1983, coédité par KG Productions et ARTE, sorti fin novembre pour les cinquante ans de sa carrière. «RESTER SOI-MÊME» Pour la première fois, l’objet, riche d’un livret de 64 pages, signé du journaliste Edwy Plenel, et d’archives rares, réunit ses neuf premiers films dans 6 N°5 – Semaine du 28 janvier au 3 février 2017 – ARTE Magazine des versions restaurées par l’auteur lui-même : Compartiment tueurs, Un homme de trop, Z, L’aveu (sur les procès staliniens), État de siège (sur les dictatures en Amérique latine), Section spéciale, Clair de femme, Missing (sur le coup d’État de Pinochet), Hanna K. (sur le conflit israélo-palestinien). Avec Missing, produit par Universal Pictures, Costa-Gavras décroche la Palme d’or à Cannes en 1982 et Jack Lemmon, le prix d’interprétation – comme avant lui Jean-Louis Trintignant pour Z –, avant l’Oscar de la meilleure adaptation. Mais le film faillit coûter cher au metteur en scène. Dans le bonus Le raconteur, le cinéaste exhibe, devant Edwy Plenel, la montagne de dossiers d’un interminable procès : «Le gouvernement chilien me réclamait 30 millions de dollars et autant à Universal», se souvient-il. Le juge ordonna finalement la relaxe. «Il faut rester soi-même, ne fonctionner qu’avec ses principes», confie encore le gentleman cinéaste. Lequel, à presque 84 ans, caresse un nouveau projet, tout en cultivant avec amour ses olives dans son jardin secret de la rive gauche : «Je réfléchis à faire un film sur la Grèce autour de l’idéal européen.» Laure Naimski |