MATEI PAVEL HAIDUCU Recruté sur les bancs de l’université par la Securitate (les services secrets), pour rafler des secrets technologiques à l’étranger, cet espion roumain, né en 1948, s’envole pour Paris à l’âge de 27 ans. Mais quand, en 1982, Ceausescu lui donne l’ordre d’exécuter deux dissidents réfugiés dans l’Hexagone, Matei Pavel Haiducu fait défection. Pour donner le change et lui permettre de retourner en Roumanie chercher son frère, les services de renseignements français simulent alors, avec leur complicité, la tentative d’empoisonnement de Paul Goma et l’enlèvement de Virgil Tanase, les deux personnes visées. Deux ans après, l’ex-espion, condamné à mort dans son pays, publie une autobiographie qui lui vaut une notoriété protectrice. En 1998, il s’en va comme il a vécu : entre deux eaux, celles du Danube et de la Seine, où ses cendres sont dispersées. COLLECTION DOCUMENTAIRE HISTOIRES D’ÉCLIPSES Pionniers ou résistants, ils ont marqué de leur empreinte l’art, la politique ou le sport, avant de retomber dans un relatif anonymat. Coup de projecteur sur trois de ces « oubliés de l’histoire », à l’affiche d’une collection documentaire passionnante. GALA DALÍ Après avoir été couchée amoureusement sur le papier par Paul Éluard, elle a peuplé l’œuvre dalienne de sa sensualité exubérante. Grande colonisatrice de l’art, Gala, née Elena Diakonova, a vu le jour en 1894 sur les rives de la Volga. À 17 ans, elle est frappée par la tuberculose en même temps que par la passion, éprouvée dès sa rencontre avec le jeune poète français dans un sanatorium près de Davos. Revenue en Russie, elle traverse l’Europe déchirée de 1916 pour le retrouver. Proches des dadaïstes et des surréalistes, Éluard et son inspiratrice s’épanouissent dans un ménage à trois avec Max Ernst. Puis vient la rencontre foudroyante avec Salvador Dalí, en 1929. Égérie flamboyante autant que femme d’affaires intraitable, Gala propulse l’extravagant Catalan dans la lumière. Retirée dans son royaume espagnol de Púbol, elle s’éteint en 1982, à l’ombre de l’art pour toujours. 6 N°2 – Semaine du 7 au 13 janvier 2017 – ARTE Magazine GEORGE BEST 1968, finale de la Coupe d’Europe des clubs champions, 92 e minute. Le 7 de Manchester United crochète le gardien du Benfica Lisbonne, pousse le ballon dans les filets et libère Wembley. Sacré Ballon d’or à 22 ans, le bien nommé George Best fraie pourtant avec le pire, menant un raid solitaire contre son talent hors norme, forgé dans la banlieue ouvrière de Belfast, à coups de virées éthyliques et de conquêtes faciles. Icône des Swinging sixties, le beau brun a fait basculer le foot dans l’ère des contrats publicitaires et des pages people, qui prendront inexorablement le pas sur ses exploits sportifs. Relégué dans des clubs de seconde zone et endetté jusqu’au cou, Best a tenté de jouer les prolongations en devenant commentateur sportif. Il est mort en 2005 de ses excès, comme toute pop star qui se respecte. Manon Dampierre Samedi 7 janvier à partir de 17.15 LES OUBLIÉS DE L’HISTOIRE Lire page 10 WWW.POINT-BARRE.NET |