4 (JL7 EN COUVERTURE L’ÉMOTION QUI VENAIT DU FROID Pourquoi les petits pays scandinaves produisent-ils de si grandes séries ? Éléments de réponse avec Henrik Jansson-Schweizer, créateur de L’héritage empoisonné, qui entame une captivante deuxième saison sur ARTE. CARL RASMUSSEN AB Quel a été pour vous le point de départ de L’héritage empoisonné ? Henrik Jansson-Schweizer : La pension de famille, très semblable à celle de la série, que tenait ma grand-mère quand j’étais petit, dans la campagne suédoise. J’ai passé dans ce lieu merveilleux bien des jours heureux de vacances et puis, en grandissant, je me suis rendu compte que, derrière cette façade paisible et harmonieuse, se cachaient de sombres secrets. Des drames et des conflits refoulés, qui ne cessaient d’affleurer dans le présent. D’une certaine manière, la série parle donc de ma propre famille, même si chez moi, heureusement, le meurtre et le chantage ne figurent pas – que je sache ! – au tableau. Les deux frères et la sœur de l’histoire sont-ils inspirés de personnages réels ? Il y a un peu de moi dans chacun d’entre eux, Jonna comprise. Mais Lasse et Oskar, ses frères, ressemblent beaucoup à deux de mes oncles, rajeunis d’une génération. Quand j’étais encore à l’école de cinéma, l’un de nos professeurs, le réalisateur Lars Molin, qui, en Suède, est presque regardé à l’égal de N°2 – Semaine du 7 au 13 janvier 2017 – ARTE Magazine BALDUR BRAGASON Bergman et que je considère un peu comme mon maître, m’a donné un conseil que j’ai toujours suivi : pour trouver une bonne histoire, pas besoin de chercher loin. Il suffit de regarder en soi. Le somptueux archipel d’Åland, où vous avez installé la pension Waldemar, ressemble-t-il au paysage de votre enfance ? Nous n’étions pas au bord de la mer, mais les sensations évoquées dans la série – les longues journées de liberté et de nature en été, la beauté et l’isolement de l’hiver avec son froid mordant – ressemblent beaucoup à mes souvenirs. Il faut dire qu’en Suède les « histoires d’archipel » constituent un genre narratif en soi, tant les îles appartiennent au paysage intime de chacun. J’avais envie d’écrire, moi aussi, une « histoire d’archipel ». Comment résumeriez-vous la série ? C’est l’histoire de trois frères et sœur qui, ayant enfoui en eux les blessures de leur enfance, sont obligés de leur faire face et de les surmonter pour devenir réellement adultes. Ce que j’ai voulu faire, c’est une chronique familiale pleine d’émotions |