LUCKY COMICS Dimanche 18 décembre à 17.35 LUCKY LUKE LA FABRIQUE DU WESTERN EUROPÉEN Lire page 13 >_. DOCUMENTAIRE SUR LA PISTE DE LUCKY LUKE Derrière le célèbre lonesome cowboy s’affairait le discret et talentueux Maurice De Bevere, dit Morris. Pour les 70 ans de son héros et la sortie d’un nouvel album, retour sur les destins entremêlés de ces deux figures de la BD belge, en quatre dates clés. 1946 UN COW-BOY AUX COULEURS BELGES La première apparition de Lucky Luke est recensée à la fin de l’année 1946, dans L’almanach Spirou, à travers une aventure intitulée Arizona 1880. Le personnage est encore embryonnaire, ressemblant à un ersatz de Popeye, loin de sa forme finale épurée. Nourri par le cinéma d’animation américain, Morris en fait pourtant d’emblée un personnage ancré dans la culture francophone. Un détail le prouve : avec sa chemise jaune, son veston noir et son foulard rouge, Lucky Luke est habillé aux couleurs... du drapeau belge ! 1948 L’AVENTURE AMÉRICAINE Entré au magazine Spirou, et très lié à Franquin et Jijé, Morris part avec ses deux amis pour un voyage au long cours à travers les États-Unis. Cette traversée du continent, où il s’installera pendant sept ans, se révélera déterminante. D’abord pour son passage au mythique magazine satirique 6 N°51 – Semaine du 17 au 23 décembre 2016 – ARTE Magazine Mad, qui lui permet d’exercer son insolence de manière décomplexée et de se familiariser avec les codes culturels du pays qui le fascine depuis toujours. Surtout, pour sa rencontre, au beau milieu du Connecticut, avec son futur scénariste, René Goscinny, qui l’aidera à peaufiner son personnage de cow-boy solitaire, en butte à l’inépuisable bêtise humaine. 1955 L’ARRIVÉE DE GOSCINNY Pour autant, leur collaboration ne débute officiellement qu’en 1955, date du retour de Morris en Europe. N’ayant que peu de goût pour l’élaboration des scénarios de ses albums, le dessinateur confie à son ami l’écriture des Rails sur la prairie, premier des cinquante tomes qu’ils réaliseront ensemble, jusqu’à la mort du romancier en 1977. En plus de consolider définitivement l’identité de Lucky Luke, Goscinny permet à Morris de contourner les censures française et belge en maniant avec dextérité le sous-entendu et l’allusion. Conciliant, il se pliera au veto de son commanditaire, qui lui interdit formellement les jeux de mots. 1983 EXIT, LA CIGARETTE À la demande du studio Hanna Barbera, qui coproduit une série animée autour de Lucky Luke aux États-Unis, l’iconique mégot du cow-boy est supprimé. Un comble pour un dessinateur partageant son patronyme de plume avec le plus grand fabricant de cigarettes au monde... Le mégot est remplacé par un brin de paille, encore mal accepté par certains aficionados, qui perçoivent cette permutation comme une trahison du personnage. Des considérations qui n’empêchent pas le cow-boy le plus rapide de l’Ouest de continuer à tracer sa route. Emmanuel Raspiengeas |