leemage.com PROGRAMMATION SPÉCIALE VILLA MÉDICIS MADE IN ROME Pour célébrer les 350 ans de l’Académie de France à Rome, un passionnant documentaire dévoile les trésors de la Villa Médicis. Zoom sur trois des chefs-d’œuvre conçus entre ses murs. LA BAIGNEUSE de Jean-Auguste-Dominique Ingres, dite aussi La baigneuse Valpinçon (1808) Lorsque le jeune Ingres (1780-1867), alors pensionnaire à la Villa Médicis, adresse, en 1808, à Paris, l’un de ses travaux de Rome, La baigneuse, il ne reçoit de la critique qu’un accueil mitigé, voire indifférent. Il faut attendre l’Exposition universelle de 1855 pour que ce grand nu, inspiré de l’Antiquité et surtout des fresques de Raphaël, que le peintre a admirées à Rome, soit reconnu à sa juste valeur. Le découvrant à cette occasion, Baudelaire salue « une volupté profonde » qui se dégage de la sensualité chaste du modèle. Ingres restera hanté toute sa vie par cette toile, à tel point qu’il la reprendra sans cesse, jusqu’au fameux Bain turc (1852-1862). Aujourd’hui, c’est au Louvre que ses baigneuses se laissent caresser du regard. Asou ArstinetTA LA ANIVEa vi 7 ; r k 7r Vielontelle. ; Pian le.01.E IleCiOr BERLIOZ LA CAPTIVE d’Hector Berlioz (1832) irp.r Yi. à « La sotte caserne » : c’est ainsi que le compositeur Hector Berlioz (1803- 1869) qualifie la Villa Médicis dans ses Mémoires. D’abord, parce qu’il juge les chambres inconfortables, ensuite parce que Rome ne constitue pas l’épicentre des arts, à l’inverse du Paris de cette époque. Lorsqu’il y arrive en 1831, pour un séjour de quinze mois, il craint donc de s’y ennuyer. Pour se distraire, il entreprend de visiter l’Italie et notamment les Abruzzes. C’est là qu’il emprunte à un compagnon le recueil de Victor Hugo Les Orientales, dont le poème « La captive » le subjugue : « J’entends la musique de ce poème. Il faudrait que je l’écrive sinon je vais l’oublier », confie-t-il. De retour à Rome, il compose en quinze jours une pièce pour chant, violoncelle et piano, qui connaît d’emblée un succès foudroyant. 6 N°50 – Semaine du 10 au 16 décembre 2016 – ARTE Magazine leemage.com LA CHAMBRE TURQUE de Balthus (1965-1966) Privilège rare, le documentaire dévoile la très secrète « chambre turque » de la Villa, sans doute la plus belle, véritable joyau aux ornements orientaux raffinés qui fut conçue en 1833 par le peintre et directeur de l’époque, Horace Vernet. Elle servit de décor à ce célèbre tableau de Balthus (1908- 2001), peint alors qu’il se trouvait lui-même à la tête de l’institution, de 1961 à 1977. S’inspirant des odalisques d’Ingres, Balthus s’inscrit avec malice dans la filiation de ses prédécesseurs pour mettre en scène sa compagne Setsuko, lascivement allongée sur un des canapés de la chambre. On peut admirer la toile au Centre Pompidou. Laure Naimski L’exposition « 350 ans de création, les artistes de l’Académie de France à Rome de Louis XIV à nos jours » se tient à la Villa Médicis jusqu’au 15 janvier 2017. |