ISABELLE ADJANI «UN FILM SUR LES GENS, POUR LES GENS» Dans Carole Matthieu, Isabelle Adjani interprète une femme médecin du travail confrontée à la détresse de salariés victimes d’un management par la terreur. Un personnage en crise, et un nouveau rôle engagé que l’actrice évoque avec autant de passion que de force. Comment le projet de Carole Matthieu est-il arrivé entre vos mains ? Isabelle Adjani : Le film est librement inspiré d’un roman, Les visages écrasés, écrit par Marin Ledun. Il y a quelques années, Jean-Paul Lilienfeld, avec qui j’ai eu la chance de tourner La journée de la jupe, envisageait de l’adapter et me l’avait donné à lire. Finalement les choses ne se sont pas faites, mais par la suite j’ai dit oui à l’option qu’on me proposait sur les droits du livre. J’en ai parlé à mon amie Liza Benguigui, qui a produit Discount, le premier film de Louis-Julien Petit. Ils ont tous les deux été sous le choc. Louis-Julien Petit a abandonné son projet en cours et s’est lancé dans l’adaptation. ARTE était la chaîne idéale pour faire exister ce projet, à la fois par fidélité à une histoire commencée avec La journée de la jupe, et parce que c’est un film sur les gens, pour les gens, que nous voulions d’emblée accessible au plus grand nombre. EN COUVERTURE 4 N°46 – Semaine du 12 au 18 novembre 2016 – ARTE Magazine ELEMIAH/M. CROTTO Vendredi 18 novembre à 20.55 CAROLE MATTHIEU Lire page 24 Est-ce le sujet, la souffrance au travail, qui vous a d’abord convaincue ? Le cinéma, même s’il ne sert pas qu’à ça, est producteur de révélations, dans le sens où il permet de faire exister la face cachée des choses. Là, on est devant une réalité dont la face est de moins en moins dissimulée aux yeux du monde, mais qui n’en reste pas moins activement monstrueuse, et dont il faut absolument parler. Carole Matthieu est une des premières fictions à mettre les pieds dans la boue de cette réalité sociétale inacceptable. Car ce phénomène concerne beaucoup d’entreprises. Nous voulions faire écho à un certain nombre de témoignages sur ces méthodes de hard management, et provoquer la curiosité des gens qui peuvent parfois s’imaginer que cette situation fait l’objet d’une exagération, alors qu’on est bien en dessous de la vérité, aussi fou que ça puisse paraître dans un pays où il existe tant de droits fondamentaux en matière de protection des travailleurs. |