JEAN-PIERRE VALLORANI 22.35 LE DOCUMENTAIRE CULTUREL KEN LOACH, UN CINÉASTE EN COLÈRE Retour sur le parcours du cinéaste britannique, qui mêle avec une énergie farouche cinéma et luttes sociales depuis un demi-siècle. En 2015, l’écrasante victoire des conservateurs aux élections législatives et leurs premières mesures l’arrachent à sa brève retraite. Palme d’or du dernier Festival de Cannes, Moi, Daniel Blake (en salles le 26 octobre) atteste d’un esprit de révolte inaltéré, ébauché sur les bancs d’Oxford, où le fils d’ouvrier tory prend conscience, au contact de la future classe dirigeante, des inégalités qui régissent le monde. Ken Loach a fait ses premières armes de réalisateur engagé dans la seconde moitié des années 1960 sur la BBC, à travers une série de téléfilms imprégnés de réalisme documentaire (Up the junction, Cathy come home…), dans lesquels il capte la vie ouvrière. Pendant la décennie thatchérienne, il s’empare des luttes sociales en cours dans des documentaires militants, mais se heurte à la frilosité des diffuseurs. La traversée du désert prend fin en 1990 avec Secret défense, Prix du jury à Cannes et coup d’envoi d’une longue succession de triomphes, entre fresques historiques (Le vent se lève) et drames sociaux (Ladybird, Sweet sixteen). AU PLUS PRÈS DU RÉEL De son enfance dans les Midlands au tournage de son dernier opus, la réalisatrice Louise Osmond passe en revue le singulier parcours d’un cinéaste aussi révéré qu’abhorré par une partie de la critique et du public. Aux précieux extraits de son imposante filmographie se mêlent des interviews avec sa famille et ses collaborateurs (le producteur Tony Garnett, l’acteur Cillian Murphy, le scénariste Paul Laverty…), qui éclairent sa personnalité duale de subversif aux douces manières, autant que ses méthodes de travail, qui le poussent à cacher le script à ses acteurs et à tourner chronologiquement, au plus près du réel. Le réalisateur luimême replonge avec malice et émotion dans ses souvenirs, évoquant ses convictions en même temps que ses renoncements ou ses blessures, dont la perte de son deuxième fils dans un tragique accident de voiture. Lire aussi page 5 3Art0cC)NEmA SOIRÉE KEN LOACH Documentaire de Louise Osmond (Royaume-Uni, 2016, 1h30mn) Production  : Sixteen Films, BBC, British Film Institute, en association avec ARTE France UNAFILM 0.10 CINÉMA UNE DÉFLAGRATION Au début des années 2000, tout semble sourire à Maria et Yannis. Mais dix ans après, le couple déchante. Une histoire d’amour en miroir avec la crise qui secoue la Grèce. Maria et Yannis tombent amoureux en 2004 alors que la Grèce se prépare aux Jeux olympiques. Elle a entamé des études de droit, lui est cadet dans la marine marchande. L’avenir semble leur sourire. Dix ans plus tard, comme la majorité des citoyens hellènes, le couple déchante. Yannis est absent six mois par an car il navigue sur un cargo. Il se change les idées en multipliant les expériences sexuelles avec des prostituées et un matelot. Maria, elle, est condamnée à gérer la supérette familiale. Le jour où elle apprend qu’il faut verser une somme considérable au fisc, c’en est trop. Elle décide de partir et confie ses enfants à sa sœur Gogo, mariée au néofasciste Costas. RÉCIT ÉCLATÉ Syllas Tzoumerkas pose la caméra là où ça fait mal et dissèque avec une rigueur toute chirurgicale une société grecque en voie de déliquescence avancée. Le réalisateur de Homeland (le film), sorti en 2010, expérimente des techniques de montage audacieuses et fait voler en éclats le récit linéaire par le biais des flashbacks et de pensées prémonitoires. Il laisse ainsi libre cours à une explosion volcanique des émotions dans ce film remarqué à sa sortie, en 2014. (A blast) Film de Syllas Tzoumerkas (Allemagne, 2014, 1h18mn, VOSTF) – Scénario  : Syllas Tzoumerkas, Youla Boudali – Avec  : Angeliki Papoulia (Maria), Vassilis Doganis (Yannis), Maria Filini (Gogo), Themis Bazaka (la mère), Giorgos Biniaris (le père), Makis Papadimitriou (Costas) Image  : Pantelis Mantzanas – Montage  : Kathrin Dietzel – Musique  : Drogatek – Production  : unafilm, Homemade Films, Bastide Films, PRPL N°43 – Semaine du 22 au 28 octobre 2016 – ARTE Magazine CITRON BIEN 1.30 COURT-CIRCUIT N°819 FÊTE DE L’ANIMATION En l’honneur de la Fête du cinéma d’animation, du 1er au 31 octobre, un Court-circuit spécial avec huit courts métrages, dont trois inédits. CHANDRAN’S CAFÉ Bienvenue sur la lune au Chandran’s café, tenu par deux Indiens, Mary et Chandran. RENCONTRE Claude Barras a réalisé Ma vie de courgette, Grand Prix des festivals d’Annecy et d’Angoulême. Court métrage d’animation de Krishna Chandran A. Nair (France, 2016, 5mn) GUSLA OU LES MALINS Adrienne retourne voir sa grand-mère dans sa Pologne natale pour interroger sa famille sur la période de la guerre froide. Suivi d’une rencontre avec la réalisatrice. Court métrage d’animation d’Adrienne Nowak (France, 2016, 9mn) VIEIL OURS Un vieil ours qui perd la tête vit avec une jeune femme. Mais plus il vieillit, plus il rêve de retourner dans la forêt. Court métrage d’animation de Chen Chen (France, 2016, 12mn) PREMIÈRE FOIS Michael Dudok de Wit a réalisé La tortue rouge, primé à Cannes. Il revient sur ses obsessions amorcées dans ses courts métrages. RENCONTRE Ron Clements et John Musker ont réalisé plusieurs films d’animation pour Walt Disney. Leur dernier, Vaiana, la légende du bout du monde, sort en salle en novembre 2016. Et aussi  : Autos portraits, Bang Bang !, Un obus partout, Padre, Carapace Magazine du court métrage (France, 2016, 1h30mn) OCTOBRE 26 MERCREDI 21