Du lundi au vendredi à 19.00 À PLEINES DENTS ! – SAISON 2 AVEC GÉRARD DEPARDIEU ET LAURENT AUDIOT Lire pages 15, 22 et 24 SÉRIE DOCUMENTAIRE Du toit du palais Garnier, en plein cœur de Paris, jusqu’aux champs d’orangers marocains, voici Gérard Depardieu tel qu’en luimême. Les gestes gourmands, le verbe truculent, alternant taquineries crues et élans d’enthousiasme, l’acteur apparaît fidèle à son image rabelaisienne. Ce savoureux road trip culinaire à deux voix – avec celle de Laurent Audiot, son ami et chef de leur restaurant parisien La Fontaine Gaillon – le dévoile en érudit à l’âme hypersensible. Si son exigence se porte sur l’amour et la connaissance des produits de qualité, du savoir-faire traditionnel et des saveurs du monde entier, l’épicurien en goguette n’a pas seulement les papilles qui frétillent. Il fait aussi preuve d’un goût des autres toujours renouvelé, à la rencontre des cultivateurs et des pêcheurs, d’un artisan charcutier parisien, d’une pâtissière lusitanienne. Des rencontres ponctuées de parenthèses 100% Depardieu, du compliment enamouré qu’il adresse à un poulpe («Oh ma fifille, elle est mignonne ! ») au morceau de gras croustillant qu’il tend à un membre de l’équipe technique, avant de lâcher : «Un mec comme lui, qui profite pas, à la campagne, on les tue.» Il ne triche pas, ne cache rien des cahots de son existence. En Catalogne, on le voit nager au large, espérant retrouver «une apesanteur oubliée», lui, le trompe-la-mort filmé en scooter dans Paris 6 N°42 – Semaine du 15 au 21 octobre 2016 – ARTE Magazine e DEPARDIEU AVENTURIER DE LA TABLE La deuxième saison d’À pleines dents ! nous entraîne dans cinq nouvelles excursions gourmandes en Europe et au Maroc, en compagnie d’un Gérard Depardieu authentique et intime et du chef Laurent Audiot. malgré plusieurs accidents récents. Lorsque Laurent Audiot s’interroge devant des champignons des bois potentiellement vénéneux, il va jusqu’à narguer la Camarde : «Champignons ou pas, quand c’est l’heure, c’est l’heure ! » MOTS GOURMANDS Autour d’un plat de tripes au Portugal ou d’une robuste soupe de knödel en Bavière, c’est toute une vie assortie d’une dense carrière, toutes deux menées à cent à l’heure, qui défilent au gré des anecdotes de tournage ou des souvenirs de son enfance berrichonne pauvre. Lorsqu’il évoque les soixante-quatre bouteilles de vin effervescent portugais bues avec l’ami Jean Carmet ou les quatre kilos de bavette engloutis en deux heures pour une scène de Maîtresse de Barbet Schroeder, l’aventurier de la table se fait épique. Mais s’il festoie avec voracité et n’en laisse pas une miette, son appétit des mots, de la langue, est tout aussi frappant, à l’image des accents d’ailleurs dont il s’imprègne avec délectation, comme des écrivains et des poètes qu’il a si bien servis et qui l’accompagnent en chemin. À l’instar de Fernando Pessoa, qu’il cite : «Je ne suis rien et je porte en moi tous les rêves du monde.» Marie Gérard LES FILMS D’ICI |