Laurent Ponsot Le vigneron Ce Bourguignon perpétue amoureusement la tradition d’un domaine viticole créé par sa famille en 1872 et exporte ses grands crus dans le monde entier. Homme mesuré et élégant, il s’étonne des prix délirants qu’atteignent certaines bouteilles. Quand il découvre dans un catalogue des faux vins de son domaine, vendus plusieurs dizaines de milliers de dollars par un certain Rudy Kurniawan, son sang ne fait qu’un tour. Deux jours plus tard, il part pour les États- Unis. Au milieu d’enchères endiablées, il jette un froid en demandant qu’on retire ses bouteilles de la vente. Près de cinq ans plus tard, il a obtenu justice. Mais il sait que d’autres faussaires réapparaîtront. Aujourd’hui, il renonce à ce combat pour se consacrer à ses vins. documentaire Du vin et des hommes Pris dans la tourmente d’une vaste affaire de contrefaçon de millésimes, de romanesques personnages se dévoilent dans un remarquable documentaire de Jerry Rothwell et Reuben Atlas. Portraits. Mardi 13 septembre à 20.55 Raisins amers Lire page 18 Bill Koch Le collectionneur Ce milliardaire américain ne décolère pas. « Pour une raison que Freud vous expliquerait mieux que moi, j’ai horreur d’être berné », confie-t-il. Verrouillée par un code secret, la cave voûtée de sa villa de Palm Spring abrite quarante-trois mille bouteilles. Or, quatre cents d’entre elles, dans lesquelles il a englouti 4 millions de dollars, se sont révélées fausses. Collectionneur obsessionnel, Bill Koch a mis une obstination équivalente à débusquer le fraudeur Rudy Kurniawan, qui lui avait vendu de nombreuse bouteilles. Avec l’aide du détective privé Brad Goldstein, homme de bon sens et buveur de bière, et celle de Laurent Ponsot, il a fini par le coincer. Une victoire au goût bouchonné. Tel un amoureux trahi, Bill Koch ne veut plus entendre parler de grands crus. 6 N°37 – semaine du 10 au 16 septembre 2016 – ARTE Magazine Rudy Kurniawan Le faussaire En 2014, un tribunal new-yorkais l’a condamné à dix ans de prison. Dans les années 2000, ce jeune Sino-Indonésien charmait ses amis américains par sa générosité et ses papilles hors du commun. Roi des soirées de dégustation, il a dépensé des fortunes en grands vins au point de faire monter le cours des bourgognes. Il a affolé ensuite les marchés en revendant sa « cave ». Mais ses grands crus, à l’instar de son nom, emprunté à un champion de badminton indonésien, étaient bidons. On a retrouvé chez lui un arsenal de contrefaçon vinicole. Ses compagnons de dégustation n’en reviennent pas d’avoir été si bien embobinés. Peut-être parce que Kurniawan s’y connaissait réellement, copiant par de savants mélanges les grands millésimes. « Le vin, c’est toute ma vie », a-t-il déclaré lors de son procès. Noémi Constans 2015 Los Angeles Times |