série d’animation Blaise Satire dans tous les sens Dimitri Planchon adapte sa bande dessinée Blaise en série courte pour ARTE. Une sitcom singulière, qui porte un regard grinçant sur les relations familiales et sociales à travers des personnages hyperindividualistes. Interview. Du lundi au vendredi à 20.50 Blaise Lire pages 16 et 24 Adapter son propre travail n’est pas toujours évident, comment avez-vous procédé ? Dimitri Planchon : La BD se présente comme une succession de plans fixes, frontaux, très dialogués, ce qui se prêtait bien à une adaptation. Celle-ci me donnait aussi l’occasion de développer les personnages, et de jouer plus franchement avec les codes de la sitcom. Progressivement, j’ai réussi à me libérer du carcan de la BD et à inventer une autre écriture. Puis il y a eu le travail avec les acteurs. Grâce à eux, les personnages ont pris vie et ont fini par m’échapper, dans le bon sens du terme. Quelle technique utilisez-vous ? La même que pour la bande dessinée, le photomontage. Je travaille un peu comme le docteur Frankenstein : je ne dessine pas, je crée des personnages de toutes pièces à partir de morceaux que je découpe ici et là, et que je manipule ensuite sur ordinateur. Ça ressemble à un travail de marionnettiste. Je fais bouger mes petits pantins devant des décors fixes, et je les écoute parler. Évidemment, ce qui reste artisanal en bande dessinée devient plus complexe en animation. Le studio Je suis bien content et le réalisateur Jean-Paul Guigue se sont montrés très efficaces. Quel regard portez-vous sur votre petit Blaise ? C’est un garçon effacé, qui prend rarement la parole et souffre de l’égoïsme de ses parents. Je le vois comme une page vierge, peu à peu imprimée par le monde qui l’entoure. Ce n’est pas gagné pour lui ! 8 N°35 – semaine du 27 août au 2 septembre 2016 – arte Magazine «Un régal d’intelligence sur la bêtise humaine» Jacques Gamblin, qui prête sa voix au père de Blaise : «Blaise offre un monde à part où tout est incorrect, inattendu. Les personnages ne sont pas moraux, leur conscience de l’éducation est assez limitée… loin de ce que j’aurais envie de transmettre ! Le père est stupide, il faut le dire, mais étrangement défendable. Un homme à côté de la plaque, pathétique, mais au final assez touchant. Nous avons enregistré les dialogues avant l’animation, ‘à blanc’. Nous devions nous faire notre propre idée des personnages, puis Dimitri Planchon s’est inspiré de ce qu’il avait ressenti à partir de notre jeu. Je trouve que cette série est un bonheur, un petit régal d’intelligence sur la bêtise humaine. Je suis prêt à signer pour quarante mille nouveaux épisodes ! » Cela dit, il y a plus d’espoir dans la série que dans la BD. Je ne sais pas si Blaise sera sauvé, mais il peut encore s’en sortir ! Propos recueillis par Jonathan Lennuyeux-Comnène |