Luisa Ricciarini/Leemage documentaire Le dernier califat Après six siècles d’une puissance inégalée, l’Empire ottoman a été démantelé en moins de cent ans, de 1830 à 1923. En retraçant son déclin et sa mort, ARTE rappelle la genèse oubliée de conflits qui, de l’ex-Yougoslavie au Proche et au Moyen-Orient, n’ont pas fini de secouer le monde. Les Turcs ottomans voulaient que leur empire, fondé en 1299 en Anatolie, soit éternel. Avant de se refermer, la Sublime Porte aura été l’une des plus vastes puissances du monde moderne. De batailles en conquêtes, les successeurs d’Osman I er, fondateur de ce qui devient en 1517 le califat ottoman d’Istanbul, ont affronté six siècles durant de multiples adversaires : Espagnols, Vénitiens, Génois, Autrichiens, Russes, sans oublier les armées du redoutable Tamerlan. Ils ont surtout fait trembler la chrétienté, de l’empereur Charles Quint autsar Nicolas II. Après la prise de Constantinople par Mehmet II en 1453, qui scelle la chute de l’Empire byzantin, l’ancienne capitale de l’empire romain d’Orient devient le cœur d’un empire tentaculaire. L’apogée du règne de Soliman Son âge d’or, l’empire ottoman le doit à Soliman le Magnifique, au XVI e siècle. Calife et commandeur des musulmans, il entreprend des réformes administratives, juridiques et fiscales et, en souverain éclairé, fait rayonner les arts. En 1536, il signe une alliance avec la France de François I er pour faire front contre 6 N°12 – semaine du 19 au 25 mars 2016 – ARTE Magazine les Habsbourg, leur ennemi commun. L’imposante flotte, qu’il confie à l’amiral Barberousse, va d’autre part lui permettre d’asseoir sa suprématie sur la Méditerranée, la mer Rouge et le Golfe persique. Un immense empire Au fil des siècles, l’Empire accroît encore ses possessions. En Europe du Sud, les Ottomans mettent la main sur les Balkans, faisant tomber dans leur escarcelle la Bosnie, l’Herzégovine, la Serbie, la Roumanie, la Bulgarie et la Macédoine. Ils prennent également pied en Crète, à Chypre, au Péloponnèse, en Grèce continentale et sur les îles de la mer Égée, où ils poussent jusqu’à Rhodes. En Europe orientale, les Ottomans ajoutent à leurs prises l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Crimée. Sur le continent africain, ils conquièrent la partie côtière de l’Algérie, de la Tunisie et de l’Égypte tandis qu’au Moyen- Orient la dynastie impose sa domination sur la Syrie, l’Irak, le Liban, la Palestine et, dans le pourtour de la péninsule arabique, sur le Yémen et le Hedjaz, terre des lieux saints de l’islam, de La Mecque et Médine. Le début de la fin L’intérêt grandissant des puissances européennes pour les routes maritimes et les riches ressources contrôlées par l’Empire ottoman vont précipiter sa chute à partir de 1821, date de la guerre d’indépendance grecque. Après avoir été entraîné aux côtés de l’Allemagne dans le premier conflit mondial, il est dépecé entre les vainqueurs en 1920 par le traité de Sèvres. Une onde de choc qui, de la Bosnie hier à l’Irak et à la Syrie aujourd’hui, n’a pas fini de résonner. Christine Guillemeau Mardi 22 mars à partir de 20.55 La fin des Ottomans (1 & 2) Lire pages 18-19 |