EN COUVERTURE PHILIP K. DICK UN DISSIDENT PRÉCURSEUR Avec sa sombre (et prémonitoire ?) vision d’un avenir confisqué par la technologie, l’écrivain, référence majeure de la science-fiction, est au centre d’une riche programmation sur ARTE. Portrait. Mercredi 2 mars à 22.40 LES MONDES DE PHILIP K. DICK Lire page 21 4 N°9 – Semaine du 27 février au 4 mars 2016 – ARTE Magazine Effigie/Leemage Aujourd’hui, des centaines de scénaristes s’échinent à imaginer des mondes futurs où l’humanité est en passe d’être terrassée par des machines. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Le point de départ de cette mode «tech-noire» se situe en 1982. Dans les salles de cinéma, Blade runner, de Ridley Scott, rencontre un succès qui ira grandissant. C’est l’adaptation libre d’un roman de 1966 au titre évocateur, Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? Son auteur, auquel le film est dédié : un certain Philip Kindred Dick, décédé quelques semaines auparavant dans un relatif isolement. CARTONS POSTHUMES Né à Chicago en 1928, Philip K. Dick commence à écrire au début des années 1950, après avoir avalé un nombre incalculable de romans. «Complètement accro», selon ses mots, à la science-fiction depuis l’âge de 12 ans, il s’ouvre peu à peu à d’autres formes de littérature : «Je lisais ce que lisaient les intellos de Berkeley, Proust et Joyce. Je naviguais dans deux mondes qui ne se croisent pas normalement.» Agoraphobe et stimulé par les amphétamines, il échafaude des visions chargées de peur, qu’il couche sur le papier : sociétés totalitaires, technologies asservissantes et désastres écologiques hantent ses récits. Autant de thèmes qui révolutionnent la science-fiction, à une époque où la technologie est présentée comme joyeuse. «C’était un dissident dans un monde d’utopie technologique», résume son biographe Gregg Rickman. Au cinéma, cela donne quelques cartons hollywoodiens posthumes : Total recall, Planète hurlante, Minority report, tous adaptés de ses œuvres. Philip K. Dick est aussi l’un des premiers auteurs à imaginer des fictions dans lesquelles la plupart des «méchants» l’emportent. Exemple avec son plus grand succès, Le maître du haut château, uneuchronie dans laquelle l’Allemagne nazie et son allié japonais ont gagné la Seconde Guerre mondiale et se partagent le territoire américain. Le géant Amazon s’en est emparé pour coproduire sa première série à gros budget, dont la saison inaugurale vient d’être diffusée en ligne triomphalement outre-Atlantique. Aux manettes, côté production, un admirateur de longue date de Philip K. Dick : Ridley Scott. Lequel n’a pas manqué d’être consulté pour un autre grand projet dickien aux ambitions de blockbuster : Blade runner 2, avec Ryan Gosling et, toujours, Harrison Ford. Raphaël Badache arta cREC)TivE Philip K. Dick a inspiré aussi le jeu vidéo Californium (lire page 5) et la fiction I, Philip (lire page 6). |