FÉVRIER 21 DIMANCHE STUDIOCANAL 22.20 CINÉMA MR. KLEIN Sous l’Occupation, un marchand d’art profiteur devient la proie des persécutions antijuives à la place d’un mystérieux homonyme – son double. Un chef-d’œuvre noir, illuminé par le jeu virtuose d’Alain Delon. Paris, 1942. Le marchand d’art Robert Klein profite pleinement des lois antijuives de Vichy, achetant à vil prix leurs trésors à ceux qui cherchent à fuir. Autour de lui, dans une ville assourdie par le couvre-feu et la peur, on isole, on surveille, on arrête. Mais ce n’est pas le problème de M. Klein. Jusqu’au jour où il reçoit à domicile l’exemplaire d’un journal, Informations juives. La police, qui est aux trousses de l’abonné, un mystérieux homonyme, le prend pour cible, alors que se prépare la grande rafle du Vel-d’Hiv… MÉANDRES C’est Alain Delon, coproducteur du film, qui a proposé à Losey le brillant scénario de Mr. Klein. Le film fut un échec public à sa sortie, mais ni Losey ni Delon – si l’on excepte pour ce dernier Nouvelle vague de Godard – ne retrouveront un tel niveau d’excellence cinématographique dans leurs carrières respectives. La stylisation de la mise en scène de Losey cherche avant tout à nous plonger dans les méandres intérieurs de Klein, perdu dans sa recherche de la vérité. Nous sommes dans un film cerveau, contemporain du Locataire de Roman Polanski (réalisé la même année, autre grand film allégorique sur le dédoublement et sur la persécution des juifs). Mr. Klein est autant un film de Joseph Losey qu’un film de Delon. L’interprétation de l’acteur, géniale, inscrit le personnage dans une filmographie hantée par le thème du double et de la substitution. Losey n’a pas besoin d’abuser des plans de miroirs, il lui suffit de scruter le visage de Delon pour signifier la crise existentielle que traverse Robert Klein. Saluons aussi l’intelligence des dialogues et le talent des acteurs qui l’entourent. Mr. Klein est non seulement le chef-d’œuvre de la période européenne de Losey mais aussi le meilleur film du Delon acteurproducteur des années 1970, lorsque la star décide de régner en maître absolu sur les films dont il tient le haut de l’affiche. Mais Losey, choisi par Delon, est bien davantage qu’un simple exécutant au service de sa vedette. Delon le sait et l’accepte, car il admire Losey comme il a admiré Clément, Visconti et Melville. Les tensions et accrochages furent d’ailleurs moins nombreux que d’habitude sur le tournage du film. Lire aussi page 7 Sélection officielle, Cannes 1976 – Meilleurs réalisateur, film et décors, César 1977 En partenariat avec PRIMIERE art/à CC) N EMA Retrouvez sur son blog l’intégralité de l’article d’Olivier Père, directeur général d’ARTE France Cinéma. Film de Joseph Losey (France, 1976, 2h03mn) - Scénario : Franco Solinas, Fernando Morandi - Avec : Alain Delon (M. Klein), Francine Bergé (Nicole), Jeanne Moreau (Florence), Juliet Berto (Jeanine), Suzanne Flon (la concierge), Jean Bouise (le vendeur), Massimo Girotti (Charles), Michael Lonsdale (Pierre), Michel Aumont (le fonctionnaire de la préfecture) - Image : Gerry Fischer - Montage : Henry Lanoë, Marie Castro-Vasquez, Michèle Neny - Musique : Egisto Macchi, Pierre Porte - Production : Adel Productions, Lira Films, Mondial Televisione Film, Nova Films - (R. du 29/4/2007) 14 N°8 – Semaine du 20 au 26 février 2016 – ARTE Magazine CYCLE ALAIN DELON SOUNDING IMAGES/SVEA ANDERSSON 0.20 ÊTRE MUSICIEN ET SURVIVRE Portraits, en Israël, en Ukraine et en Allemagne, de musiciens professionnels obligés d’exercer les métiers les plus divers pour subsister. Ils mènent deux vies. Ils dépendent d’un travail alimentaire, mais leur âme est dédiée à une passion : la musique. Sur scène, le soir, le public les ovationne. Le lendemain, ils nettoient des toilettes. Leurs mains courent sur les touches d’un clavier le temps d’un concert, puis s’emploient à trier les ordures. Ils interprètent Beethoven, juste avant de réparer un pot d’échappement. Ces musiciens ont des personnalités étonnantes, ne se plaignent pas, font assaut de dignité et de pragmatisme face à l’adversité. Roman Krasnovsky joue aux quatre coins du monde sur les meilleures orgues, donnant des concerts à Notre-Dame, à la cathédrale de Saint-Paul de Londres, à New York et Berlin. Mais en Israël, son pays natal, personne ne veut entendre de l’orgue. Une fois rentré chez lui, il se lève tous les matins à 4 heures pour exercer son métier d’éboueur. Après avoir suivi des cours de chant en Grèce, Melina Paschalidou est partie en Allemagne. Mais elle n’a toujours pas décroché le contrat de soprane dont elle rêve dans l’un des temples de la musique. Alors elle est devenue femme de chambre dans un hôtel pour survivre. Et continue de courir les auditions un peu partout, en Allemagne, à Londres et en Grèce. Documentaire de Holger Preuße et Claus Wischmann(Allemagne, 2015, 52mn) - Production : Sounding Images |