6 BIMÉDIA DADA À L’HEURE DES «BIG DATA» En marge du documentaire de Régine Abadia Viva dada, qui explore la genèse de ce mouvement artistique aujourd’hui centenaire, ARTE propose Dada-data, une webcréation foisonnante de remixes, d’utopies et d’irrévérence. Un hommage en forme d’appel à l’action lancé aux internautes, en ligne le 5 février. En guise de (re)découverte historique, le documentaire captivant de Régine Abadia Viva dada, diffusé le 14 février, retrace l’aventure de ce mouvement né en pleine Première Guerre mondiale. Écœurés par la boucherie en cours, de jeunes artistes s’installent à Zurich et lancent un cri de révolte qui va révolutionner l’art moderne et annoncer le surréalisme. Si le mouvement dada n’a duré que sept ans, son influence perdure aujourd’hui, alors que le monde apparaît de plus en plus chaotique. La preuve : prenez une experte «ès dada», Anita Hugi, productrice à la télévision suisse SRF depuis dix ans. Ajoutez David Dufresne, réalisateur chevronné, déjà aux commandes de deux œuvres interactives multiprimées et diffusées par ARTE (Prison valley et Fort McMoney). Secouez, expérimentez, dynamitez : vous obtenez Dada-data, webcréation en ligne sur ARTE Creative le 5 février prochain, soit un siècle jour pour jour après le surgissement du mouvement au cabaret Voltaire à Zurich – lui-même toujours en activité. HOMMAGE ET ACTIVISME «Dada, c’était Internet avant l’heure», clame David Dufresne, convoquant, aux côtés des dadaïstes Tristan Tzara, Marcel Duchamp ou Jean Arp, la figure du théoricien des médias Kenneth McKenzie Wark, auteur d’un manifeste hacker en 2006, et celle d’Edward Snowden, dont les révélations ont ébranlé le pouvoir d’utopie du Web. À l’heure des big data, Dada-data réactive ainsi l’esprit contestataire de ses aînés en «hackant» les données qui circulent sur la Toile pour mieux dénoncer la mainmise des géants du Web sur ce nouveau trésor, dans la lignée de Do not track ou In limbo. Aux «exercices» organisés par les dadaïstes (les photomontages, collages ou autres soirées spectacles pensés comme des moyens d’action), le site répond par cinq «haktions», proposées aux internautes quatre semaines durant : des programmes interactifs qui les N°7 – Semaine du 13 au 19 février 2016 – ARTE Magazine invitent à ne pas rester passifs devant l’ordinateur. Pour Anita Hugi et David Dufresne, «‘Dada-data’est un virus» qui va «occuper» le Web pour mieux le réenchanter. Ainsi, «Data-Block» est un dispositif qui, d’un simple clic, remplace les publicités jaillissant sur les pages Web par des œuvres dadaïstes. Pour «Dada-Readymade connecté», c’est l’esprit Do it yourself qui est convoqué : trois imprimantes 3D installées dans l’enceinte du cabaret Voltaire, vont, pendant un mois, réinterpréter trois œuvres majeures du dadaïsme, dont le désormais mythique urinoir de Marcel Duchamp. Chaque jour, les internautes pourront suivre l’évolution de l’impression, avec l’espoir de gagner l’une des trois copies selon le principe du tirage au sort – dont le caractère aléatoire ravissait dada il y a un siècle. De son côté, «Dada- Gram» réinvente le collage en proposant aux utilisateurs du réseau social Instagram de participer à une œuvre collective. Un esprit collaboratif qui anime |