photos Company Pictures/Playground Entertainment for BBC 2015 en couverture «Une étude sur la fragilité du pouvoir» Wolf hall plonge dans l’Angleterre du XVI e siècle, en proie à une profonde crise religieuse et politique d’où émerge Thomas Cromwell, personnage trouble devenu éminence grise du roi Henri VIII. Entretien avec le réalisateur de cette série brillante, Peter Kosminsky. 4 N°3 – semaine du 16 au 22 janvier 2016 – ARTE Magazine Pourquoi avez-vous choisi de tourner une série historique alors que vous êtes plutôt familier de fictions traitant de sujets d’actualité, telles que Warriors et Le serment * ? Peter Kosminsky : C’est Mark Rylance, l’interprète de Thomas Cromwell, qui m’a parlé de Wolf hall, la trilogie d’Hilary Mantel. Mark était déjà le héros de mon téléfilm David Kelly, le prix de la vérité (diffusé par ARTE en 2005), qui évoquait le suicide de cet expert en armes chimiques et bactériologiques. Depuis, nous souhaitions retravailler ensemble. En outre, le scénario, écrit par Peter Straughan et fondé sur les deux premiers tomes de Wolf hall [le troisième est en cours d’écriture, NDLR], est le meilleur que j’aie jamais lu. Si les producteurs ont accepté que je réalise cette série alors que je n’avais pas l’habitude de tourner des films en costumes, c’est parce qu’il s’agit d’une histoire éminemment politique. Une thématique que j’ai traitée à de nombreuses reprises. Que raconte Wolf hall ? La série s’intéresse à la bataille que se livrent ceux qui restent accrochés à leurs principes et ceux, plus pragmatiques, qui souhaitent des changements. C’est aussi une réflexion sur la diplomatie à l’œuvre quand un chef jouit d’un immense pouvoir. À la fin de la série, Thomas Cromwell est un des hommes les plus influents du royaume. Pourtant, sa vie ne tient qu’à un fil car il dépend entièrement des caprices du roi Henri VIII. Wolf hall est donc une étude sur la fragilité du pouvoir. Quel est le contexte politique dans lequel les personnages évoluent ? C’est le moment où l’Europe connaît un schisme religieux. En 1534, l’Acte de suprématie fait passer l’Église d’Angleterre sous l’autorité royale, au détriment du pape. Parallèlement, le pays est en faillite. Catherine d’Aragon échoue à donner au roi un héritier mâle. Thomas Cromwell devient le plus proche conseiller du roi, expulse Catherine et fait couronner Anne Boleyn, contre l’avis du pape. Pourquoi était-il intéressant de raconter cette histoire du point de vue de Thomas Cromwell ? Cet homme a été traditionnellement dépeint comme mauvais, cruel. Hilary Mantel le réhabilite. Il était |