4, documentaire Disney l’ensorceleur À la fin des années 1930, Walt Disney maîtrise mieux que nul autre la technologie visuelle et la puissance narrative. Il crée alors des films d’animation si exceptionnels qu’ils sont aujourd’hui considérés comme les «Big five» soit les cinq premiers chefs-d’œuvre d’une très longue carrière. Blanche-Neige Dans les années 1920, les cartoons, ces dessins animés truffés de gags, et leurs objets dérivés (montres, cahiers…) triomphent aux États-Unis. Âgé d’à peine 27 ans, Walt Disney, qui commence à bâtir son empire, s’interroge : appréciés pour leur drôlerie, les cartoons peuvent-ils aussi émouvoir et faire pleurer ? Pour le savoir, il s’empare de Blanche-Neige, le conte des frères Grimm, et invente le premier long métrage d’animation fondé sur une dramaturgie. En 1938, lorsqu’il sort sur les écrans américains, le film, qui a nécessité quelque 200 000 dessins et une équipe de 600 personnes, est acclamé par le public et perçu par la critique comme une nouvelle forme d’art. Disney a compris avant les autres que les dessins animés peuvent véhiculer toutes les émotions et que les enfants supportent mieux la peur qu’on ne le croit. Plus tard, il avouera qu’il n’est jamais parvenu à faire mieux. Pinocchio Blanche-Neige a prouvé que les films d’animation peuvent aborder toutes les facettes de la condition humaine et se hisser au rang d’œuvre d’art. Disney poursuit alors sa quête avec un deuxième long métrage. À l’origine conte populaire italien de la fin du XIX e siècle narrant les aventures d’un pantin en bois imprudent qui aspire à devenir un vrai petit garçon, le scénario de Pinocchio est épuré par Disney : dans son récit initiatique, il s’attache à traduire le passage à l’âge adulte et la manière dont l’humanité naît en chacun de nous. Il y déploie de nouvelles prouesses technologiques et artistiques. «Les effets sous-marins du film sont aussi saisissants que des images tournées avec des caméras sophistiquées», se réjouit-il. Le public est comblé, la presse dithyrambique. Mais le film, sorti au début de la guerre, est privé du marché européen et ses recettes ne couvrent pas les énormes frais de production. * 6 N°53 – semaine du 26 décembre 2015 au 1er janvier 2016 – ARTE Magazine rue des archives Fantasia Pour Fantasia (1940), Disney s’entoure d’Igor Stravinsky, de George Balanchine et de l’astronome Edwin Hubble. Le film, qui accompagne par l’animation huit morceaux classiques, relève de l’abstraction pure : peu de dialogues, pas de personnages, rien de reconnaissable dans la nature. Selon certains, Disney a réussi le mariage de l’art visuel et de la musique. Pour d’autres, le film est un désastre, qui traîne des symphonies dans la boue. Les pertes financières sont énormes, d’autant que peu de salles sont équipées du système stéréo nécessaire à la diffusion du film. Un second volet, Fantasia 2000, est sorti en 1999. |