En couverture Jésus et l’islam Au plus près du texte Pourquoi Jésus, figure fondatrice du christianisme, est-il aussi un personnage exceptionnel dans le Coran ? à partir de cette question, les auteurs de Corpus Christi explorent la genèse de l’islam. Entretien, en six points clés, avec Gérard Mordillat et Jérôme Prieur. Naissance du projet Gérard Mordillat : Lorsqu’on se lance dans la lecture du Coran, la surprise c’est de découvrir que Jésus est non seulement présent, ce que tout le monde sait plus ou moins, mais qu’il y tient une place extrêmement importante. Cela a été une découverte quand nous avons commencé la préparation de cette série, il y a bientôt quatre ans. Jérôme Prieur : Combien de fois nous a-t-on demandé ces dernières années : «Alors, quand est-ce que vous vous intéressez au Coran ? » Jésus, à nouveau, nous offrait un carrefour. Le personnage nous permettait de ne pas être illégitimes pour enquêter, non pas sur l’islam – ce serait une ambition démesurée – mais autour de la période de gestation de l’islam, tout en travaillant au plus près du texte du Coran. 4 N°50 – semaine du 5 au 11 décembre 2015 – ARTE Magazine Choix des intervenants G. M. : D’abord nous lisons beaucoup. Ensuite nous rencontrons les chercheurs, nous discutons avec eux et nous essayons de mesurer les capacités de chacun à se livrer à cet exercice extrêmement délicat qui consiste à réfléchir à voix haute. Car il ne s’agit pas ici de produire un cours magistral, mais bien de réfléchir à voix haute à partir d’un petit objet que nous soumettons à tous les chercheurs. Pour cette série, il s’agissait de partir de deux versets de la sourate IV, un exercice qui demande des aptitudes particulières. Donc il faut qu’il y ait des affinités. Cela ne veut pas dire nécessairement d’être en accord, mais de pouvoir discuter ensemble à l’occasion du tournage. Polyphonie G. M. : Il est essentiel que les chercheurs viennent de partout dans le monde. D’abord pour que l’on comprenne que la recherche islamologique ne se limite pas à un seul continent. Il y a une ampleur qui doit s’exprimer à travers la polyphonie. C’est une chose à laquelle nous tenons beaucoup parce que c’est dans la confrontation des langues que passe également beaucoup du sens. Et c’est un moment important, de trouver au montage la juste mesure entre les différentes langues. |