STARS DES TERROIRS Un beau piment, un homard frais... : pour son restaurant parisien La Fontaine Gaillon, Gérard Depardieu s’approvisionne chez les meilleurs producteurs. À travers la série documentaire À pleines dents !, il invite à un savoureux périple à leur rencontre, avec son chef cuisinier et ami Laurent Audiot. Entretien avec ce dernier. EN COUVERTURE Comment avez-vous rencontré Gérard Depardieu ? Laurent Audiot : C’était il y a plus de vingt ans. En attendant sa femme qui jouait au théâtre, Gérard venait avec Jean Carmet déguster du vin blanc près de mes fourneaux, dans l’établissement où je travaillais alors. Un jour, il m’a proposé d’acheter un restaurant avec lui. Je ne l’ai pas vraiment pris au sérieux. Mais dix ans plus tard, en 2002, il m’a dit : «T’as pas l’air bien. C’est le moment pour toi de le faire.» Gérard est d’une grande fidélité. Très peu de temps après, il m’a appelé pour m’annoncer que La Fontaine Gaillon était à nous. Il a ajouté : «Je suis en train d’y manger. C’est pas terrible. On va changer la carte ! » Comment est né le projet À pleines dents ! ? Avec Gérard, nous avions cette idée depuis longtemps. Plusieurs fois par an, nous allons en cure à Quiberon. Officiellement, pour faire une diète, mais nous rencontrons quand même des producteurs : ostréiculteurs, boulangers, viticulteurs, etc. Gérard me répétait sans cesse : «Ce qu’ils font est extraordinaire. Il faut absolument que nous rapportions des images.» 4 N°42 – Semaine du 10 au 16 octobre 2015 – ARTE Magazine Que souhaitez-vous transmettre à travers cette série ? Avant tout, la rencontre avec les producteurs et les marins-pêcheurs. Tous ont une grande humilité, de la générosité et le sens du partage. Leurs métiers, très difficiles, nécessitent énormément de travail. Tous leurs efforts peuvent être anéantis à cause de mauvaises conditions météorologiques. Les médias montrent les chefs, mais eux sont rarement visibles. Pourtant, sans eux, je n’existerais pas. Avec Gérard, nous les invitons avec leurs familles à goûter ma cuisine, à Paris. Ils comprennent que je ne dévalorise pas leur travail. Par exemple, les langoustines, qui arrivent vivantes d’Écosse, sont cuisinées le jour-même. Sinon, acquérir un bon produit n’aurait aucun intérêt. À quoi tient la qualité d’une viande, d’un poisson ? Prenons l’exemple d’un jambon : pour en obtenir un bon, il faut d’abord sélectionner d’excellents cochons. Le respect de la nature est gage de qualité, tout comme la rigueur. Aujourd’hui, l’agriculture intensive domine et l’alimentation est en danger, d’où l’importance de mettre en avant ce savoir-faire et ceux qui fabriquent ces produits |