en couverture Sandrine Kiberlain La métamorphose Mercredi 16 septembre à 20.50 Mademoiselle Chambon Lire pages 16-17 Portée par un élan nouveau, Sandrine Kiberlain enchaîne les films avec un plaisir communicatif, qui lui attire les faveurs de la profession et du public. À l’affiche de Floride, elle vient d’achever le tournage du dernier Téchiné. 4 N°38 – semaine du 12 au 18 septembre 2015 – arte Magazine philippe quaisse 6 PHILIPPE QUAISSE Pour peu qu’on regarde en arrière, son personnage d’institutrice amoureuse dans Mademoiselle Chambon a joué comme une transition dans sa filmographie. Un regain après une période de jachère, en même temps qu’un nouveau départ. Finies les jeunes femmes en quête de sens, mystérieuses, un peu flottantes, auxquelles l’ont identifiée ses premiers rôles marquants, d’En avoir (ou pas) de Laetitia Masson au Septième ciel de Benoît Jacquot. Le film de Stéphane Brizé ouvre la voie à des personnages plus concrets, plus contemporains, qui vont dévoiler chez elle une puissance dramatique et comique qu’elle ne semblait jusqu’alors qu’exprimer dans la retenue. Si cette mue est liée à la maturité, Sandrine Kiberlain confie aussi qu’elle a été favorisée par quelques épreuves cruciales : la mort de son père, expert-comptable d’origine juive polonaise, devenu écrivain à ses heures, auteur d’une pièce de théâtre qu’elle avait jouée peu de temps auparavant ; un accident cérébral survenu lors de la naissance de sa fille, surmonté après deux jours de coma et une lourde opération ; et sa séparation d’avec Vincent Lindon, partenaire d’une dernière fois dans Mademoiselle Chambon. On l’adore À 47 ans, une cinquantaine de films à son actif, elle semble en pleine possession de ses moyens. Simone de Beauvoir dans Violette, enquêteuse fantasque dans Pauline détective, juge psychorigide dans 9 mois ferme (César 2014 de la meilleure actrice) ou fan jusqu’au-boutiste dans Elle l’adore, elle varie les registres avec une jubilation partagée. Le succès de ces deux derniers films en témoigne, elle est même devenue une actrice populaire... Préparant chacun de ces rôles avec précision, elle se ménage l’espace de liberté nécessaire à la découverte de ce qu’elle nomme l’« ADN secret du personnage », avec le souci constant de lui donner du relief, par des touches d’insolite ou de fantaisie. Portée par cet élan vertueux, elle a récemment enchaîné les tournages : Comme un avion, Floride – actuellement à l’affiche – adaptation de la pièce Le père de Florian Zeller, où elle est malmenée par un Jean Rochefort atteint d’Alzheimer ; Imagine, de Benoît Graffin, avec Édouard Baer (sujet encore tenu secret) ; et Quand on a 17 ans, le nouveau film d’André Téchiné. Dans cette histoire qui revient sur des terres chères au réalisateur des Roseaux sauvages (le Sud-Ouest, les troubles de l’adolescence), elle interprète la mère de Damien, homosexuel, engagé dans une relation aussi violente qu’incontrôlable avec un autre lycéen. Jonathan Lennuyeux-Comnène |