6 sipa documentaire Ils sont swing ! Jadis cantonnée à un public de niche, la mode rétro s’est enracinée dans la pop culture. En marge d’un documentaire sur cette «révolution», un petit tour sur le dancefloor avec ces dandys qui conjuguent le passé au présent. Samedi 5 septembre à 22.40 La révolution rétro Lire page 12 N°37 – semaine du 5 au 11 septembre 2015 – arte Magazine Mad men, Boardwalk empire, Gatsby le magnifique, le néo-burlesque sur les scènes des cabarets, l’essor de l’électroswing dans le domaine musical... : depuis près de dix ans, l’attrait pour des époques révolues, allant des années 1920 aux derniers feux des sixties, semble avoir pris un tour nouveau, investissant les champs les plus larges de la culture populaire. Le rétro est partout, et c’est sur cette vague esthétique que surfent aujourd’hui un nombre croissant d’aficionados. Depuis le succès de The artist en 2011, ce sont notamment les danses à l’ancienne qui reviennent au premier plan : swing, lindyhop, charleston, claquettes... La demande monte en flèche et les soirées à thèmes se multiplient. Ainsi, un soir de juillet, au pub irlandais Corcoran, porte des Lilas. Après quelques minutes de flottement, les premiers danseurs se lancent sur la piste, portés par la musique d’un trio anglo-saxon. «Des hommes-orchestres, à trois ils swinguent comme à dix ! » s’enthousiasme Paulo «Brotherswing», le créateur de l’école du même nom, qui organise cet «apéro-swing.» Il y a sept ans, celui qui était encore professeur d’EPS a commencé à s’adonner pleinement à sa passion du jazz et de la danse, au point de démissionner pour une reconversion fructueuse. L’avenir du passé «Ces dernières années, ça a explosé. J’ai démarré avec trente élèves. Aujourd’hui, j’ai dix profs pour 850 apprentis danseurs», explique-t-il. Sur les raisons de cette mode, celui qui est devenu l’une des figures de la scène parisienne du rétro a son idée : «En période de crise, les gens ont envie de s’amuser, de danser à deux. Le swing permet ça. Cette musique dégage quelque chose d’incroyablement positif, les gens ont envie d’entendre un son comme celui-là.» Analyse partagée par les habitués, dont Flore, 27 ans : «J’aime l’ambiance élégante de cet univers pour initiés, et le micro-réseau qui s’y crée.» Florian, 31 ans, ajoute : «Le meilleur dans ces soirées, c’est le mélange qui se crée. Il y a tous les âges, tous les niveaux. À coup sûr une petite mamie viendra nous proposer de danser ! » De fait, il ne faut pas attendre longtemps pour voir des couples de trente ans d’écart volter et bondir de concert avec la même endurance. Avec un rythme à faire passer le hip-hop pour une danse de salon, le swing d’autrefois serait-il l’avenir de l’urbain ? Emmanuel Raspiengeas Corbis. All Rights Reserved. |